Elle avait 18 ans. Ils étaient amoureux, ont vécu ensemble dix ans. Vint ans plus tard, il reçoit une lettre d’elle : L. est malade. Il s’empare de sa caméra et filme en essayant de lui parler de tout autre chose, de cinéma et de ce que sont devenus les combats politiques qui les ont fait vivre.
Bon c'est volontairement très bordélique. Goupil nous fait un essai où il part proprement dans tous les sens, ça commence par l'interrogation sur "qu'est-ce qu'un bon film?", entrecoupé de souvenirs de la vie de couple, de l'engagement politique pour finir sur un documentaire sur la guerre de yougoslavie. On va voyager de Paris à Moscou à Berlin à Zagreb et Sarajevo. Côté foutraque totalement assumé puisqu'il s'agit presque d'un essai autobiographique où Goupil va parler surtout de lui, de son métier, de ses illusions perdues et où il en est personnellement. Ça pourrait être insupportablement narcissique mais la recette fonctionne étonnamment bien.
L'exercice évite le piège de l'autosatisfaction par un humour constant et la confession de Goupil, même autocentrée, est sauvée par la sincérité du cinéaste. On sent l'homme en plein doute, en plein questionnement sur ses engagements politiques, sur ses évolutions philosophiques en tant qu'homme. Ca va paraitre insupportable aux yeux de certains, je trouve l'exercice personnellement brillant, constamment dynamique et avec un ton et une intelligence hors normes. Jusqu'à cette dernière partie mélancolique et amer en ex-yougoslavie sur les ruines de Sarajevo.
4/6