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Amanda (Mikhaël Hers, 2018)
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Auteur:  Art Core [ 19 Nov 2018, 12:36 ]
Sujet du message:  Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

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Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda.

J'ai été agréablement surpris par l'émotion du film, qui s'autorise des larmes alors que Ce sentiment de l'été (sur un sujet très similaire) m'avait dérangé par sa trop grande retenue. Ici l'approche est très simple, très frontale sans fioritures, sans superflu. Et Mickaël Hers a vraiment le don de la "distance" je trouve, de toujours être dans la parfaite distance vis à vis de ses personnages. Ni trop près dans un truc qui aurait pu devenir mièvre ou pathos, ni trop loin dans un regard trop froid et théorique.

Là j'aime beaucoup l'ambiance, Hers semble obsédé par deux choses, la ville et l'été (cf le titre de son précédent). Là c'est vraiment une célébration de Paris, mais pas le Paris touristique (ironie, seul moment où les perso veulent aller dans un lieu "touristique" on les en empêche) mais simplement le Paris des rues larges, le Paris des bicyclettes, le Paris ensoleillé d'un été agréable (Lacoste passe le film en tee shirt). D'ailleurs le film se joue de la temporalité puisqu'on parle de Wimbledon (début Juillet) et que toute la période qui précède semble être un été sans fin. Mais j'aime vraiment cette importance que donne Hers à ses décors, à la ville, qui semble agir comme un corps vivant dans lequel les personnages naviguent au grès des veines et des artères. Comme ce détail très parlant des deux appartements principaux du film qui s'ouvrent tout deux vers un carrefour ou une place (le premier à Voltaire, le second face à Gare de Lyon) comme s'il y avait cette volonté de faire communiquer l'intérieur et l'extérieur, de ne pas cloisonner. A plusieurs moments il y a une relation directe, par la fenêtre avec ce qui se passe dehors (le très beau moment du Paris Brest) ou on va communiquer entre appartements (le stylo). C'est pas innocent que Lacoste soit élagueur (détail génial, y existe-il seulement un autre film avec un élagueur ?), soit celui qui façonne les arbres des villes, des parcs. Les parcs étant un autre décor fondamental du cinéma de Hers
ce n'est pas par hasard que ce soit le lieu du drame.
J'adore la scène du SMS au début avec Stacy Martin qui lui répond de loin. Puis le moment le plus fort est sans doute celui, tout simple où David et Amanda marchent dans un Paris vide, traumatisé par l'horreur. Une ballade douloureuse dans des rues qui sont mortes (ce plan où Lacoste regarde par la fenêtre la rue vide, tellement fort).

Après je trouve un peu dommage que le film se dilue dans une seconde partie qui chasse un peu trop de lièvres à la fois et s'éloigne du sujet principal (l'histoire d'amour, un peu superflue, tout ce qui tourne autour de cette mère absente...). Du coup l'émotion se raréfie et je trouve le film moins bien rythmé un peu hésitant dans sa construction. Heureusement ça se rattrape dans sa dernière partie à Londres même si je trouve la fin totalement ratée. Plus précisément j'ai beaucoup aimé l'ambition de cette scène de fin mais je ne l'ai pas comprise
Amanda qui craque devant le match de tennis et qui peu à peu semble reprendre goût à la vie en direct devant les smashs, les lifts et les revers des joueurs.
Pour tout dire je l'ai même trouvé assez ridicule cette scène, elle m'a fait rire plutôt que m'émouvoir. C'est un peu dommage mais une fois de plus je salue l'ambition de tenter quelque chose comme ça au niveau du montage pour montrer le processus du deuil chez une petite fille
et le retour de l'expression d'Elvis qu'elle semble comprendre pour la première fois est pour le coup bouleversant.


Lacoste est vraiment excellent,
il n'y a que la scène avec Jonathan Cohen où il craque où soudain je n'y ai pas trop cru.
il volerait pas le césar que tout le monde lui promet. Il a ce truc de simplicité total et en même temps une vraie mélancolie. Puis quelle belle progression d'acteur, on l'a vraiment vu éclore en direct au fil des rôles comme c'est finalement assez rare (peut-être Duris dans le même genre). De l'ado boutonneux qui pense qu'à baiser à Amanda c'est parfaitement logique.
Se serait-il vu un jour lécher les seins de Stacy Martin à l'écran ?


Malgré les réserves un très beau film. Peut-être le seul film pertinent post-attentat qu'on ait vu jusqu'à présent. Très belle BO aussi d'ailleurs. Je lui souhaite un beau succès populaire, ce serait tellement mérité.

4.5/6

PS : la ref au Marché d'Aligre, obligé de penser à QGJ à ce moment là :mrgreen:.

P.S 2 : à rajouter dans la liste des drames français avec une danse dans le salon pour montrer qu'on est heureux.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 19 Nov 2018, 12:40 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Art Core a tout dit.

Je plaisante. J’ai lu ton PS mais pas le reste car le film m’interesse.

Hers habite (habitait ?) à Voltaire, donc tout se tient.

Auteur:  Art Core [ 19 Nov 2018, 13:00 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Hé hé.

D'ailleurs en parlant de Voltaire un truc qui m'a (un peu) agacé c'est le rapport du film à l'argent. Comment une prof d'anglais célibataire peut se payer un appart de disons minimum 60m² à Voltaire (dont le loyer doit faire les 3/4 de son salaire) ? Et pareil Lacoste ne parle jamais d'argent, de comment il va faire pour s'occuper d'Amanda financièrement et surtout
comment il faut pour garder l'appart de sa soeur ?
Un détail mais ma nature de prolo me fait toujours remarquer ce genre de trucs un peu "faciles".

Auteur:  bmntmp [ 19 Nov 2018, 13:03 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Art Core a écrit:
Hé hé.

D'ailleurs en parlant de Voltaire un truc qui m'a (un peu) agacé c'est le rapport du film à l'argent. Comment une prof d'anglais célibataire peut se payer un appart de disons minimum 60m² à Voltaire (dont le loyer doit faire les 3/4 de son salaire) ? Et pareil Lacoste ne parle jamais d'argent, de comment il va faire pour s'occuper d'Amanda financièrement et surtout
comment il faut pour garder l'appart de sa soeur ?
Un détail mais ma nature de prolo me fait toujours remarquer ce genre de trucs un peu "faciles".


Proprio grâce à apport parental ?

Auteur:  Art Core [ 19 Nov 2018, 13:06 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

C'est une possibilité mais ça aurait été bien de le dire dans un dialogue surtout que justement
si elle était proprio de l'appart et que Lacoste n'a rien à payer pour vivre dedans, ça facilite quand même grandement sa situation et le fait qu'il va pouvoir s'occuper d'Amanda.

Auteur:  bmntmp [ 19 Nov 2018, 13:10 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Indemnisation des victimes ou des proches des victimes (je ne sais pas comment ça fonctionnerait dans ce cas-là et l'enveloppe de 30 000 euros partirait assez vite en fumée) ?

Auteur:  Art Core [ 19 Nov 2018, 13:15 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Le film se passe sur une durée relativement courte, ce genre d'indemnisation ça intervient super longtemps après je pense. D'autant plus que
Lacoste précise bien qu'il a pas envie de se lancer dans des démarches judiciaires.

Auteur:  Jerónimo [ 19 Nov 2018, 14:08 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mickaël Hers, 2018)

Fais pas ton Abyssin et corrige-nous le prénom du réal :P

Auteur:  Art Core [ 19 Nov 2018, 14:55 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Done !

Tiens sinon on notera le tweet ultron maladroit d'Alexia Laroche Joubert :


Voir dans les comm le bel effet Streisand qui a suivi :mrgreen:

Auteur:  Billy Budd [ 19 Nov 2018, 15:32 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Art Core a écrit:
Image

Là j'aime beaucoup l'ambiance, Hers semble obsédé par deux choses, la ville et l'été (cf le titre de son précédent). Là c'est vraiment une célébration de Paris, mais pas le Paris touristique (ironie, seul moment où les perso veulent aller dans un lieu "touristique" on les en empêche) mais simplement le Paris des rues larges, le Paris des bicyclettes, le Paris ensoleillé d'un été agréable (Lacoste passe le film en tee shirt).


C'était flagrant dans ses deux premiers longs : Hers filme mieux les paysages urbains que ses personnages.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 23 Nov 2018, 12:28 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Hé bien sans déconner: Art Core a tout dit. Tout ce qu'il pointe sur la circulation dans la ville, dans la torpeur douce de l'été, est très juste. Et la remarque sur la circulation entre les espaces est hyper pertinente (t'as l'impression que chaque scène se passe devant une fenêtre ouverte).

Avant de le voir je m'attendais à un film d'auteur beaucoup plus sec. Le genre de truc qui fait:

Scène hyper douce entre Lacoste et Amanda sur un lit, léger bruissement de la ville en fond sonore.
CUT
BRRRRAAAAAAAAAAAH Lacoste sur une moto de nuit, grosse rupture sonore, plan intense de lui traversant la ville en mode viscéral
CUT
Ophélia Kolb qui bosse au lycée.


Ce genre de truc.

Mais que nenni, le film est au contraire infiniment "fluide" (du moins essaie de l'être), doux (cette musique à la Vladimir Cosma au début), frontal. En fait j'avais l'impression de voir un film japonais.

Après, en effet ça s'alourdit à travers des sous-intrigues pas toujours utiles à mes yeux, notamment la mère. On m'aurait juste dit "Lacoste a pas connu sa mère, il doit se dépatouiller avec Amanda seul", ça me suffit, en fait j'ai pas besoin d'aller sonder une backstory supplémentaire. Et le rythme est sans doute un peu longuet, on sent les 1h47. A 1h25 ça aurait été top.

En tout cas il faut être gré au film d'éviter pas mal d'écueils, pas de sur-justification scénaristique, pas de péripéties inutiles - en chemin on est peut-être un peu trop élusif et donc frustrant émotionnellement, mais c'est compensé par l'ambiance et la douceur du tout. Et respect d'avoir su exploiter Lacoste (et Jonathan Cohen :shock: ) aussi bien. Je trouve l'acteur un peu surestimé et là il est super.

Pour ce qui est de la remarque sur l'appartement de Sandrine, peut-être est-ce tout simplement l'appartement de Hers lui-même... (j'en sais rien)

Auteur:  Film Freak [ 23 Nov 2018, 12:48 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

J'y vais ou pas ?

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 23 Nov 2018, 12:51 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Non, utilise plutôt ce temps pour remater In the Shadow of Two Gunmen.

Auteur:  Film Freak [ 23 Nov 2018, 12:52 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Lol why?

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 23 Nov 2018, 12:57 ]
Sujet du message:  Re: Amanda (Mikhaël Hers, 2018)

Je sais pas, gratuit. Genre c'est ton mode par défaut. Hé hé.

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