Deux frères, Markus et Lukas, vivent dans une ancienne maison au cœur d'Oslo. La rivière coule près de leur foyer. Un véritable paradis en pleine ville. Nous les voyons grandir, tandis que leurs rêves et leurs espérances prennent forme. Parfois, ce qu'ils désirent et ce dont ils ont besoin est à l'opposé de ce qu'on attend d'un fils ou d'un frère parfaits.
En gros, c'est Boyhood en documentaire. Et c'est vachement mieux.
Je trouve que la fiction, somme toute banale dans ce que Linklater choisissait de broder autour d'un concept extra-diégétique pensant tendre à une certaine universalité, annihilait l'intérêt du dispositif. Ici, c'est l'inverse. Bien que monté parfois comme une vraie fiction (comme par exemple lorsqu'un insert montre le grand frère sortir de l'eau tandis que la caméra est censée être restée avec le petit frère qui hésite à plonger), le film se construit à partir de tous petits riens, ces moments du quotidien qui contiennent à eux seuls la vie tout entière comme le résume (trop) bien la voix off (un peu intrusive par moments de la mère réalisatrice).
Il faut voir comme une simple scène de piercing, par le biais d'un gros plan et d'un sourire gêné, peut foutre les larmes aux yeux.
J'ai eu plus de mal avec les moments où la réalisatrice se met elle-même en scène, trahissant un peu la nature narcissique du projet, mais heureusement ils restent minoritaire dans cette capture touchante de véracité de la réalité de l'enfance de deux frères. C'est très curieux à suivre, de voir la mère ne pas intervenir dans tel ou tel conflit, de sentir la caméra s'effacer alors qu'elle est forcément là, géante aux yeux des frangins, et qu'elle fausse probablement l'instant par sa présence...
Je craignais un truc un peu austère mais il n'en est rien. C'est même régulièrement amusant.
PS : Il s'agit du premier film distribué par nos amis Blissfully & Twilight & Camilla Velvet, tous trois d'anciens membres du forum. Ça joue à Paris à l'Espace Saint-Michel mais également à Nice, Lyon et Grenoble.