Margaux, 20 ans, fait la connaissance de Margaux, 45 ans : tout les unit, il s'avère qu'elles ne forment qu'une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie…
Au-delà de la simple comédie pseudo-fantastique qu'elle semble être, La Belle et la Belle est avant tout un film grave (mais pas lourd) sur une quarantenaire qui n'a jamais véritablement affronté ses angoisses (la mort, la maternité, l'engagement amoureux) et à préféré les évacuer par la fuite. Jusqu'au jour de l'irruption de son double, l'image d'elle-même à 20 ans, qui joue un rôle cathartique et lui permet de se confronter à ses erreurs passés (les liens rompus avec sa colocataire ou avec son amour de jeunesse), de symboliquement les éviter (empêcher une énième coucherie avec un inconnu rencontré en soirée) et lui permettre enfin de faire la paix avec elle-même.
Bien plus enlevé que Gentille récemment vu, La Belle et la Belle a une certaine parenté avec la filmographie de Noémie Lvovski, autre quarantenaire décalée et n'ayant pas totalement rompu avec ses errements d'adolescences. Je craignais que le film ne soit qu'une dilution de sa bande annonce, ce dont il donne effectivement l'impression au début mais finit heureusement par dépasser une fois que le trio principal est bien mis en place. Kiberlain, Bonitzer et Poupaud contribuent d'ailleurs grandement à la réussite du film, ce dernier en particulier bien meilleur que dans Victoria où je peinais à retrouver l'acteur que j'avais apprécié chez Rohmer. Bonitzer que j'avais découvert dans le dernier Arrieta est lumineuse, je serais vraiment curieux de voir ce qu'elle pourrait donner chez un Desplechin par exemple.
4/6