Fatigués de leurs fins de mois difficiles, trois jeunes sans avenir voient l'opportunité de gagner beaucoup d'argent en volant une mallette à un notable du Havre. Sans le savoir, ils viennent de braquer un secrétaire d'État corrompu et de voler l'argent d'une entreprise criminelle. Débute alors, une spirale qui les dépasse complètement.
J'avais beaucoup aimé 13 Tzameti, premier film malin sur un tournoi de roulette russe, primé à Venise et qui révélait le talent de ce jeune cinéaste franco-georgien qui avait ensuite un peu disparu des salles. Son dernier film 13 était le remake américain avec Jason Statham de ce dernier et était directement sorti en DVD. Il faut dire que le film était dispensable, plus une tentative foirée de percer aux US.
Là, le cinéaste revient à ses premiers amours avec un polar mélangeant le côté social des héros (des paumés désespérés qui voient une occasion d'avoir des jours meilleurs comme dans 13 Tzameti) et une noirceur humaine à l'ancienne qui détonne dans le paysage du polar français. Il y a un côté réalisme noir à l'ancienne assez séduisant qui fonctionne très bien. On est plus proche d'une ambiance à la Corneau période Dewaere que du lourdaud Marchal.
Gela Babluani n'a pas la prétention de réinventer les codes du polar. Le pitch est ultra classique mais c'est surtout à cette spirale d'emmerdes que va s'attacher le cinéaste. L'enchaînement des péripéties est porté par un scénario solide et une mise en scène âpre qui placent le film au-dessus de la production du genre française. Ca fait du bien de voir un cinéaste français qui n'essaie ni de singer de manière maladroite Hollywood ni de surfer dans la style téléfilm à la Marchal qu'on a trop subi ces dernières années. Là le film a une véritable personnalité et son écriture montre une belle densité.
Et le plaisir de voir un bon petit film noir ne le serait pas sans un excellent casting : Vincent Rottiers, Louis-Do de Lencquesaing, Féodor Atkine, Anouk Grinberg et Vincent Rabourdin... on a connu pire. Une petite mention pour la révélation qu'est la jeune actrice jouant la soeur, Charlotte van Bervesseles, et George Babluani, frère de, qui est lui aussi très bon. On va finir sur la fausse note qu'est Benoît Magimel. C'est juste plus possible, j'ai l'impression de le voir dans tous les films noirs-polars français en me disant à chaque fois que c'est un énorme miscast. En homme de main, il est juste pas du tout crédible. Même si j'aime bien son dernier plan.
Bref je recommande, c'est une bonne petite surprise. Il faut juste être un peu patient les 20 premières minutes, le film ne démarre vraiment qu'au moment du braquage, scène très drôle, et après ça ne va que crescendo jusqu'au générique de fin.
4/6