Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe (expression désignant une femme dont on ignore l’identité), Tommy Tilden (Brian Cox) et son fils (Emile Hirsch), médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte.
Pour rappel, Andre Ovredal est l'auteur du malin Trollhunter et ce Jane Doe est son premier film américain sorti en décembre aux US et précédé d'un excellent buzz. Ce qui m'a poussé à le regarder.
Le pitch de départ est simple. On est face à un huis-clos minimaliste dans une morgue avec un espace de temps que sera une nuit. Jane Doe est le nom donné aux US à un cadavre à l'identité inconnue. Dès les premières minutes où son corps est découvert par la police dans une maison de criminels, le film pue la classe. Visuellement, le film est un délice et l'atmosphère qu'arrive à créer Ovredal par le biais de sa mise en scène concourt beaucoup à la réussite du film. Je pense à la manière intelligente dont le norvégien utilise le décor qui va se limiter uniquement à la morgue pendant 1H20. Le bonhomme a du talent et le crescendo horrifique du film est parfait. Car tenir un tel pitch sur 88 minutes, ça pouvait être vite chiant.
Sur une histoire volontairement rachitique, le cinéaste arrive à susciter la peur sans céder à des facilités ou à des jumps scares (il doit y en avoir 1 pas plus). Pour donner des éléments de comparaison, ça penche plus du côté d'un Phantasm de Don Coscarelli et de L'au-delà de Lucio Fulci que d'un Conjuring dont les ficelles paraissent grossières en face. Mais le film arrive à se forger sa propre identité et va au-delà des déballages gores et malsains que pourraient imposer le genre. Les scènes d'autopsie sont très belles ainsi que la direction artistique. Il faut voir le travail visuel sur le corps de Jane Doe ou le premier cadavre brûlé.
Une belle mélancolie ressort du film. Sans spoiler, la scène avec le chat me restera en mémoire et le virage fantastique que prend le film est réussi. Puis le script prend le temps de développer ses personnages avec une construction soignée. Niveau acteurs, j'aime beaucoup Emile Hirsch (Into the wild) et Brian Cox casse la baraque dans le rôle du légiste paternel ayant perdu sa femme.
Bref, je recommande. Pour ceux qui ont aimé The Troll Hunter, le style du film n'a évidemment rien à voir mais c'est intéressant de voir l'évolution du cinéaste norvégien que je trouve brillant. Et puis là il a plus de moyens pour assouvir ses ambitions. Vraiment un beau film dans le genre. Le buzz critique américain est parfaitement justifié (86% sur Rotten Tomatoes) et ça sort le 31 mai chez nous.
4,5/6