Liangqing et Guo, deux jeunes birmans, émigrent clandestinement en Thaïlande. Tandis que Liangqing trouve un emploi de plonge dans un restaurant de Bangkok, Guo est embauché dans une usine textile. Sans papiers, leur quotidien est plus que précaire et le jeune couple ne partage pas les mêmes ambitions : si Guo veut gagner assez d’argent pour retourner en Birmanie, Liangqing est prête à tout pour obtenir un visa de travail et échapper à sa condition.
Je serais curieux de voir Ice poison pour saisir ce qui rebutait Tom à l'époque et voir si les reproches qu'il pouvait lui faire serait également applicable pour Adieu Mandalay. Karloff mentionnait une influence de Hou Hsiao-Hsien et de Kiarostami que je n'ai absolument pas ressenti, on est même diamétralement opposé à HHH qui selon moi filme toujours les moments hors-tensions, l'avant ou l'après climax, alors que Midi Z me semble plus proche d'un Kaurismaki (le rapprochement peut sembler incongru mais dans sa gestion de l'espace j'ai parfois trouvé des similarités, dans la sobriété des sentiments exprimés également) et surtout d'un Bresson. Chez Midi Z il n'y a pas de place pour le superflu, chaque scène a une raison d'être profonde servant à décrire le parcours de ces deux migrants (et à travers eux de tous les migrants birmans, la difficulté de trouver un travail et de s'intégrer dans une société étrangère), chaque scène étant elle-même caractérisée par une extrême sobriété. Un drapeau birman et un canot gonflable suffiront à décrire le franchissement de la frontière, tout comme un collier offert par Guo à Liangqing suffira à sceller leur union.
Les deux acteurs principaux sont admirables dans ce film, sobres comme le requiert le style de Midi Z, comme le sont probablement les migrants birmans eux-mêmes, peu enclins à s'étendre sur leur sort, venus avant tout en Thaïlande pour amasser l'argent qui permettra de faire vivre la famille restée au Myanmar. Sobre mais pas ascétique ou hermétique, je n'ai pas retrouvé ici ce que décrit Tom, de long plan que l'on fait durer pour le seul plaisir de les faire durer. J'ai au contraire trouver le rythme plutôt nerveux, les scènes peuvent parfois sembler répétitives mais uniquement parce qu'elles retranscrivent la répétitivité des démarches que ces migrants sont amenées à faire (la quête du permis de travail en premier lieu). Et au-delà de l'aspect quasi-documentaire du film, il est avant tout le portrait de deux très beaux personnages, défendant fièrement leur idéaux respectifs (retourner au pays pour Guo pour ouvrir un commerce, émigrer plus loin pour Liangqing pour gagner encore plus d'argent), acceptant l'inacceptable si cela peut leur permettre d'atteindre leur rêve.
5/6