À la base, c'était un film avec des mômes. C'était genre Les Goonies avec de la beu.

Mais Lévy a pas réussi à le monter et donc un jour, on lui a dit "on peut le monter si c'est Kev Adams".

Concernant la tagline d'où baltringue c'est un verbe ? J'avais jamais entendu ça.

Là on est vraiment devant l'exemple typique du créateur qui sans le savoir n'est plus en phase avec (une partie de) la société.

Remarque intéressante car je me la suis faite aussi, mais à propos des spectateurs et critiques ayant rejeté le film.
L'humour du film n'est pas l'humour du vieux monde. Ce n'est pas l'humour qui plaisait aux générations précédentes. C'est l'humour qu'on trouve dans une grande part des textes de rap actuels, américains comme français. C'est l'humour qu'on trouve à la pelle sur jeuxvideo.com ou sur Periscope.

La fameuse scène ne choque pas plus notre génération sensible au sexisme ou à la "culture du viol" qu'elle ne choque ma mère, ma grand-mère ou feu mon arrière-grand-mère.

Les spectateurs les plus à même de ne pas être choqués ont 15 ans, pas 35. En résumé, la presse et les spectateurs ne se sont pas retrouvés face à un humour qu'ils espéraient enfin disparus, mais face à un humour qui leur est étranger.

Le film m'a confirmé cette intuition que j'avais déjà avant d'entrer dans la salle pour la raison que j'avais déjà observé cette incompréhension à propos de textes de rap, qui provoquaient des levées de boucliers à la fois chez Christine Boutin et chez Clémentine Autain.

Je ne peux m'empêcher de trouver assez malhonnête la réception calamiteuse du film. Qu'on ne comprenne pas l'humour du film, qu'on en soit choqué, soit. Mais qu'on le tolère dans le même temps lorsqu'il est similaire et qu'il vient d'outre-Atlantique, c'est plus étonnant. Voici 10 ans que la presse française se touche sur la comédie américaine la plus grasse, et pour une fois qu'on a droit à quelque chose de similaire en France, il faut parler de racolage, de vulgarité ?

Tout ça mis à part, j'ai trouvé le film bon. C'est bien rythmé, assez prenant, sans facilités (ils auraient pu se vautrer dans le stoner movie...), le mélange comédie/action tient le coup, les personnages sont attachants (l'aspect Coming of age fonctionne assez, l'amitié de longue date Durex/Ruben est crédible). Je ne reprocherais au film que son côté limité, aussi bien dans l'interprétation (Kev Adams fait le job mais c'est tout), mais je n'ai pas trop envie de m'étendre là-dessus, je trouverais ça dur de reprocher ça à une comédie qui réussit déjà l'exploit rare d'être carrée, efficace et personnelle.