Eh ben moi je trouve ça par moments absolument brillant.

Ce qui transcende le film c'est le plaisir total que semble prendre Spike Lee à montrer tous les rouages de la police, des négociations aux techniques de désamorçage en passant par le mec qui tire le ruban "Police line", ou la mini-caméra sur le toit du van. Le film est gorgé de petits détails gratuits sur lesquels il s'attarde et qui lui donnent une vraie densité, un côté fourre-tout réaliste et décontracté.

Le script ensuite est bien sur le papier mais n'est pas exactement très "serré". On pense notamment à la fin (enfin plutôt "aux fins"), et puis même le rythme est pas toujours au top et certaines choses sont sur-expliquées, c'est dommage.

Mais tout le monde est bon dedans, et c'est tellement amusant à voir tellement c'est fouillis, bien joué, vrai, frais... Vraiment une réussite.

Pour une première immersion totale dans le film de genre, Spike Lee a brillamment sorti son épingle du jeu tant il utilise un univers codifié jusqu'à l’usure pour laissé le champ libre à son langage cinématographique. Avec intelligence, il fait sien le matériau de départ, soit la base archétypale d’un hold-up avec prise d’otages, pour donner à l’ensemble un tempo bien à lui, un rythme aux prises d'un New York familier, que Spike Lee aime et nous fait aimer. Il prend son temps, dilate les conventions, joue avec la narration (les séquences de témoignages, en flashes-forward ludiques) : le tout n’est pas tant de révolutionner le caper movie, non, mais plutôt d’en personnaliser les atours. Lee s’amuse avec son histoire, il s’offre même parfois le luxe de l’arrêter momentanément (la scène géniale dans laquelle Clive Owen, assis sur un paquet de billet, discute avec le petit garçon), voire de composer un plan à la lisière du fantasmagorique. Aussi, le film perdrait de son éclat sans son casting trois étoiles : Denzel Washington toujours plus magnétique, minéral et donc le charisme doucement rétro donne une patine très seventies à l’ensemble (et même assez 40’s, quant au chapeau de ce dernier), Clive Owen qui donne vie à un personnage déterminé mais criblé d’ambiguïtés, et enfin Jodie Foster, qui retrouve un rôle certes mineur mais dont l’intensité est à la mesure de son talent. Doté d’un scénario très malin, Inside Man ne cherche pas l’efficacité pyrotechnique à tout prix : si les personnages sont passionnants, c’est aussi par leur savoureuse caractérisation et la qualité des dialogues, souvent très drôles, très incisifs, au point de penser à la patte d’un Shane Black. Sans prétention particulière, mais pleins de belles petites idées rafraîchissantes (comme ce générique sur de la musique Bollywood), Inside Man est un divertissement de haute tenue, dont la mise en scène raffinée et inspirée se conjugue à merveille au discours toujours contestataire d'une Amérique bicéphale, dont Spike Lee s'est fait l'un des plus engagés portraitistes. 5/6

générique sur de la musique Bollywood

Etrange que certains critiques presse parlent de "grand retour" de Spike Lee alors que "25th Hour" n'est pas si vieux que ça.