Philippe Mars est un quadragénaire rempli de gentillesse dont la rencontre avec Jérôme, un collègue de travail psychotique à la recherche du grand amour, va modifier profondément sa vie. Cette dernière est déjà quelque peu compliquée, entre son ex-femme qui se décharge sur lui de la garde de leurs enfants, une fille de 17 ans qui ne jure que par le travail et la réussite et un fils de 13 ans qui connaît ses premiers émois et ses premières révoltes. Ajouter à cela une sœur artiste déjantée, un boulot dans l'informatique si peu épanouissant et les apparitions hallucinatoires mais bienveillantes de ses parents décédés…
J'aime bien le Dominik Moll de Harry et même celui du Moine (un peu raté ceci-dit) mais là c'est une déception. Un peu l'impression que le cinéaste belge s'est fourvoyé en voulant aborder le genre de la comédie absurde sur laquelle il s'avère au final peu à l'aise. La mise en place de la première demi-heure enquille les clichés de la comédie d'auteur bobo français à faire déguerpir Le Cow-Boy de la salle de projection, malgré quelques jolies idées visuelles comme ce plan d'ouverture avec Damien en cosmonaute survolant un Paris de nuit. L'ensemble n'est pas désagréable mais sans intérêt tenant sur les prestations de Macaigne de de Damiens. Les deux acteurs s'en tirent plutôt pas mal mais ils rejouent un peu les mêmes rôles que dans d'autres de leurs précédentes oeuvres en moins bien. Par moments, on a presque l'impression d'être dans de la Damiensploitation. Les allergiques à l'acteur belge peuvent passer leur chemin.
Passées ces trente premières minutes poussives à la fantaisie un peu forcée, on pense à une pâle copie belge de A serious man des Coen, le film arrive enfin à nous faire rentrer dans son univers et nous imposer une routine pas désagréable. Malheureusement, le soufflé retombe dans un acte final activiste dispensable et on se demande ce qui a pu motiver Moll dans ce projet. On pense à une variante d'Harry un ami qui vous veut du bien où le style hitchcockien aurait été remplacé par de l'humour absurde trop maladroit. L'écriture de Gilles Marchand est soignée mais l'impression que tout ce petit monde s'est fourvoyé en voulant aborder un style nouveau pour eux. On peut saluer la prise de risques mais pas le résultat qui est au final assez moyen, même si émaillé de bonnes petites idées et loin d'être déshonorant. Les retraités devraient y trouver leur compte.
2,5/6
EDIT : Je vois que je suis le seul à aimer un tant soit peu Le moine, bon passez votre chemin là c'est vraiment le plus mauvais film de son auteur.