Un documentaire en IMAX qui explore la naissance et la mort de l'univers.
Rien que ça. Depuis le chef d'oeuvre Tree of life puis la doublette A la merveille/ Knight of Cups, les annonces de plus en plus rapprochées d'un nouveau Malick commençaient à faire craindre que le cinéaste-prodigue soit tombé dans les pièges du film à formule, avec son montage de séquences de trois secondes cut et sa voice over incantatoire. Voyage of time est en cela l'aboutissement et la clôture d'un cycle, une expérience absolument fascinante où on se frotte les yeux d'ébahissement devant chaque image aux couleurs et aux textures surréelles, donnant envie de se remettre à questionner l'origine du monde.
Voyage of time est porté par un lamento de Cate Blanchett, plus dispersé et moins envahissant que dans ses deux derniers films, s'adressant à une mère nourricière qui pourrait être la planète Terre vue comme une sorte de déesse, entre créationnisme et mysticisme mais suffisamment dans l'abstraction pour ne jamais tomber dans la bondieuserie, loin de l'exposé scientifique didactique à la National Geographic.
Malick mélange des images prises sur le vif sans filtre tels que des hommes comme rejetés de leur droit du sol, mais aussi des cérémonies, des rites partout sur le globe, et d'autres de nature majestueuse entre océan et cosmos comme autant d' effets spéciaux célestes, dont chacune pourrait être le décor d'un plan tentpole de blockbusters désertés par ses avengers. Ne se contentant pas d'être un documentaire upgradé de Jacques Perrin (par ailleurs un des producteurs exécutifs) mâtiné de Godfrey Reggio, il englobe également Gravity, 2001, Jurassic Park, l'Enter the void du Big Bang ou La guerre du feu, un véritable trip stratosphérique envoûtant qui ne retouche jamais terre, où chaque moment est un shoot de ravissement extatique inouï, une sidération contemplative définitive sacrant le poète Malick comme le dernier des esthètes. Ceux qui y voient de la vacuité et de la prétention devraient s'arracher les yeux plutôt que de profaner de leur insipidité cet inépuisable hommage à la beauté spectaculaire du monde. Je n'ose même pas imaginer ce que ça doit rendre en Imax.
6/6
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