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Le grand silence (Sergio Corbucci - 1968)
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Auteur:  Castorp [ 02 Avr 2016, 07:10 ]
Sujet du message:  Le grand silence (Sergio Corbucci - 1968)

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C'est un film où il s'est facile de se focaliser sur ce qui ne marche pas : Trintignant qui arrive à être mauvais sans aucune ligne de dialogue, une photo assez crade malgré de très beaux plans larges, une certaine complaisance, une sur-utilisation du zoom qui fait système, et un gros manque de subtilité pas moments ; et cet horrible doublage, aussi, qui affadit terriblement la présence (géniale) de Kinski à l'écran.

Mais ce serait injuste que de limiter le film à ses quelques tares, tant sa démarche est extrême et sincère. Il fonctionne parce qu'il va au bout de ses idées, que ce qu'il raconte est avant tout le récit d'une disparition : c'est la fin de l'ouest des westerns, de ses chasseurs de primes et de ses héros solitaires, qui n'ont plus que la montagne et la neige pour se protéger des assauts de la civilisation. Corbucci filme cette ultime bataille comme un adieu bouleversant d'une grande noirceur, où tout le monde est perdant : elle ne laisse derrière elle que des cadavres, et la promesse de la fin d'une époque.

Bref, un sommet du western spaghetti, rempli de morceaux de bravoure (la fin !).

5/6

Auteur:  Baptiste [ 15 Mai 2021, 22:54 ]
Sujet du message:  Re: Le grand silence (Sergio Corbucci - 1968)

Ah oui, non, Cosmo, ne montre surtout pas ce film à ton fils.

C'est sublime, mais c'est noir de chez noir. Même si c'est assez manichéen et que comme dit Castorp, le manque de subtilité (et le carton final, une revanche un peu artificielle, même si vrai historiquement, sur ce qui est montré à l'écran: faut assumer Sergio) anesthésie un peu la puissance du film. Je dis un peu parce que l'époque montrée est gorgée de violence et la subtilité n'y a pas cours. Mais y a-t-il une démarcation aussi nette entre méchants et gentils comme dépeint à chaque seconde du film?

C'est ma seule réserve et pas forcément gênante vu le projet général du film, qui est une bombe. Bonne remarque de Castorp d'une neige à la blancheur confondante mais qui condamne les innocents et se fait le lit de la brutalité. Le propos sur les ordures intelligentes qui se font sous-traitants de la violence d'Etat est très intéressant. Je pousse peut-être un peu loin mais peut-on voir dans le cast de Kinski, sa blondeur, ses yeux bleus bien mis en relief, un sous-texte sur le nazisme? La scène finale me le laisse penser.

J'admets juste ne pas avoir bien compris ce qui est reproché initialement à ceux qui se cachent en attendant l'amnistie? Il est fait brièvement mention qu'ils ont bravé l'autorité de l'Etat, mais j'ai peut-être raté une ligne de dialogue plus précise.

Grand plaisir en tout cas. Au passage une magnifique scène d'amour. Et une autre masterclass d'Ennio...

Auteur:  Jerónimo [ 18 Mai 2021, 08:17 ]
Sujet du message:  Re: Le grand silence (Sergio Corbucci - 1968)

Castorp a écrit:
C'est un film où il s'est facile de se focaliser sur ce qui ne marche pas : Trintignant qui arrive à être mauvais sans aucune ligne de dialogue, une photo assez crade malgré de très beaux plans larges, une certaine complaisance, une sur-utilisation du zoom qui fait système, et un gros manque de subtilité pas moments ; et cet horrible doublage, aussi, qui affadit terriblement la présence (géniale) de Kinski à l'écran.


J'ajouterais aussi les grosses ficelles et raccourcis scénaristiques, avec une gestion étrange de l'espace par moments (Pauline qui est dans une maison isolée avec son bandit de mari, puis qui habite dans le village, Silence qui a un cheval mais prend la diligence pour qu'il puisse croiser le shériff et Tigrero, ce genre de trucs).

Après oui, il y a une vraie originalité, un propos politique (une femme noire, les rôles chasseurs de prime / bandits) et un jusqu'au-boutisme qui emportent le morceau, mais je ne suis pas étonné que Corbucci ne soit que le deuxième Sergio du western italien, tant l'écart est au final assez grand avec Leone.
Ca reste une belle découverte.

Baptiste a écrit:
J'admets juste ne pas avoir bien compris ce qui est reproché initialement à ceux qui se cachent en attendant l'amnistie? Il est fait brièvement mention qu'ils ont bravé l'autorité de l'Etat, mais j'ai peut-être raté une ligne de dialogue plus précise.


Ouais moi je me suis dit que c'était la fin de la guerre de Sécession avec ses déserteurs-bandits, façon Josey Wales, mais en fait non. C'est un peu confus de ce côté-là aussi, c'est dommage.

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