Par ce film réalisé pour la télé japonaise, je découvre Imamura le documentariste : et c'est franchement puissant, 45 minutes éprouvantes et glaçantes.
Imamura s'intéresse à un ancien soldat japonais établi en Thaïlande qu'il a filmé pour un documentaire antérieur, et lui demande de revenir au Japon pour pouvoir suivre ses retrouvailles avec son pays natal.
C'est d'abord un film sur la confrontation de deux mondes : le Japon de l'avant guerre, belliqueux et fier, et celui de l'après-guerre, vénal et cynique ; mais c'est aussi une histoire de famille sordide, où un frère fabrique des faux documents annonçant la mort de son frère soldat pour toucher une indemnité du gouvernement. Et entre les deux, Imamura raconte un pays déchiré par la rancoeur et la solitude, qui vit avec l'héritage d'une défaire humiliante que l'argent et la modernisation servent à masquer, tout en négligeant honteusement les nombreuses victimes de sa folie militaire : son héros, finalement, est un étranger dans son propre pays.
Comme souvent chez Imamura, le tout est assez décousu, et il faut attendre la deuxième moitié du documentaire pour qu'on comprenne vraiment pourquoi il a décidé de faire un film sur cet homme en particulier : le voilà qui, humilié, se dénude et lance un défi à son frère, avant d'annoncer à la caméra son droit de mépriser l'empereur au regard de ce qu'il lui a fait subir. C'est extrêmement fort, d'une grande limpidité : et on se sent peut être même un peu gêné d'assister à ce lavage de linge sale en famille, sans pudeur, just the ugly truth.
Superbe.