Le point de départ est séduisant, le casting attractif, les illustrations du pré-générique font de très jolis paravents et puis *splotch* on découvre les ravages du numérique. Wu Ji, c’est laid. Il n’y a pas de comparaison possible avec Hero ou Le Secret des poignards volants, Chen Kaige ne sait plus filmer. L’Empereur et l’assassin, Adieu ma concubine étaient plastiquement irréprochables, Wu Ji c’est l’anthologie de la faute de goût, la charrette déguisée en Rolls, une belle promesse vérolée et parasitée par des effets de manche pompiers. Les effets spéciaux puisqu’on en parle… c’est un désastre. Les incrustations sont affreuses, le design est affreux. La photo est atroce, et les affiches le camouflent bien.
Le premier champ de bataille m’a fait penser au Roi Lion (la transhumance des taureaux en synthèse), à Vercingétorix (les barbares maquillés au charbon), à Bip Bip (l’esclave qui court à deux cent à l’heure en laissant une traînée de poussière derrière lui). A la technique, on retrouve la boîte qui s’est occupée des sfx de Shaolin Soccer et Crazy Kung-fu. Donc quand c’est fauché, c’est drôle, mais involontairement. Par moments, il y a une bonne idée, un détail ingénieux, mais c’est laminé par la grandiloquence un peu boiteuse, les trous et les tours de passe-passe du scénario. Il y a cinq décors à tout casser, dont beaucoup de plateaux déserts et recyclés, et les personnages passent leur temps à courir d’un décor à l’autre.
Chen Kaige a la main grasse, donc on n’échappe pas aux ralentis sauvages. Avec l’option sirop du triangle amoureux, ça fait un gros pâté. Alors pourquoi 1,83/6 arrondi à 2/6 mmh ? Pour l’idée, pas mauvaise, les quelques éclairs de lucidité, les acteurs (la jolie Cecilia Cheung, le méchant Nicholas Tsé et le gentil Jan Dong-kun qui garde les yeux écarquillés pendant 2h + l’acteur qui jouait dans Lan Yu), pour les beaux costumes et la musique sympa signée Klaus Badelt. C’est pas non plus Le Talisman, juste un petit film besogneux qui a dix ans de retard.
Et encore je n’ai pas vu Feu de glace.
