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L'ombre des femmes (Philippe Garrel,2015)
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Auteur:  Abyssin [ 22 Déc 2015, 12:35 ]
Sujet du message:  L'ombre des femmes (Philippe Garrel,2015)

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Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots.Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux.


Je connais assez peu Garrel, n'ayant vu de lui que La frontière de l'aube, je sais juste que c'est le père de Louis et qu'il a un héritage très nouvelle vague. Certains de ses films étant critiqués car flirtant avec le ridicule (le machin avec Belluci) et d'autres idolâtrés car d'un romantisme brûlant. Celui-ci, je l'ai vu car j'avais assez bien apprécié la bande-annonce en salles laissant augurer d'une épure mélancolique assez puissante et le voir apparaitre dans le top de Teletubbies a aiguisé ma curiosité.

De durée très courte (1H10), épure en noir et blanc, pas de gras pas de blabla. Quand on lit le pitch au début ça fait peur, c'est quand-même un canevas de scénario ultrabalisé mais Garrel arrive à se détacher de ses archétypes aller à l'essentiel et nous livrer une très poignante étude sentimentale de couple. L'ombre des femmes est un film très simple et décharné. C'est souvent poignant et très casse gueule, il y a des scènes où on se dit qu'on va plonger dans le ridicule mais il y a comme une magie qui s'opère à l'écran. La finesse de Garrel, le magnétisme des acteurs, c'est un film où tout les sentiments du couple se jouent : le désir, le désamour, l'étreinte et la solitude...

On assiste ici à une atmosphère dépouillée et étrange, magnifiée par ses compositions en noir et blanc, comme si le film baignait dans l'ether. Garrel prend le parti des femmes, même si elles ne sont pas parfaites c'est leur point de vue qu'il épouse, leur courage de coeur et il nous compose ici deux très beaux personnages. Entre Clotilde Coureau, la grande amoureuse toute en pudeur, et Lena Paugam (une vraie révélation pour moi) amante troublée par la jalousie. Mehrar n'est pas en reste, je trouve le personnage très beau. Je ne vais pas comparer à La pianiste de Haneke mais je trouve que c'est dans ce type de rôle de brûlé romantique au registre assez monotone que son jeu est le plus bouleversant.

Le film est beaucoup plus accessible que La frontière de l'aube, seul Garrel que j'ai vu, une sorte d'universalité qui parle à tous et le rend d'autant plus bouleversant. Il y a dans L'ombre des femmes une manière unique de saisir les expressions d'un visage, la profondeur qui se cache derrière. Le film fait naitre une émotion brute en relatant la guerre d'un couple pour sa survie, la tourmente à laquelle il s'abandonne. Tout ça a beau s'achever sur une note optimiste, une scène solaire, cela n'empêche pas le film de livrer une vision cruelle et lucide de l'amour.

5-5,5/6

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