Premier long d'un romancier qui avait également écrit The Incident d'Alexandre Courtès, Bone Tomahawk est un film d'un genre doublement rare, un western horrifique. La nature des "indiens" du récit a été (bêtement) éventée mais je préfère ne pas la redire ici au cas où même si c'est pas à proprement parler un spoiler et que c'est aussi la particularité du film qui m'a poussé à le voir (en plus des bons échos).
La couleur rouge sang est annoncée dès le premier plan et, avec cette photo qui alterne entre image cramée pour les scènes de jour en extérieur et cadres qui ressemblent à des iris tant l'obscurité envahit les coins, même quand la lumière et allumée, le ton est posé, l'immersion dans une autre époque faite. C'est le meilleur choix de mise en scène de Zahler, avec cette caméra portée par moments, mais certains dialogues simples paraissent inutilement surdécoupés. Peut-être est-ce pour dynamiser un film beaucoup, beaucoup, beaucoup trop long et surtout trop mou.
Prendre son temps pour présenter ses persos, c'est bien, faire sentir la pénibilité de la traque, uneventful, c'est honorable, mais quand il se passe aussi peu de choses dans un film, faut quand même le rythmer. Fort heureusement, les archétypes sont plutôt attachants, notamment grâce au casting (Kurt Russell en figure johnwaynienne, Matthew Fox en flingueur arrogant qui doit son talent à son racisme, Patrick Wilson en mari handicapé à la recherche de sa femme kidnappée et surtout Richard Jenkins presque méconnaissable derrière sa performance de vieil adjoint bavard) et au dialogue jamais dans l'esbroufe mais au vocabulaire old school bien ciselé.
Le dernier acte s'énerve un peu et, au travers de ses antagonistes flippants et incarnés, amène sa thématique sur la masculinité à son paroxysme.
Dommage que ce soit aussi lent parce que c'est pas mal.