Choix assez audacieux que de décerner le lion d'or à ce premier film vénézuélien (mais pas non plus usurpé vu le niveau très moyen de la compétition) décortiquant une relation trouble entre un quinquagénaire dont on comprend qu'il entretient des rapports compliqués avec son propre père proposant à de jeunes garçons rencontrés dans la rue de se deshabiller devant lui sans aucun contact physique contre du fric, jusqu'au jour où il croise une petite frappe qui va l'agresser et qu'il va se mettre à poursuivre obsessionnellement. Quelque part entre le vierge des tueurs et Eastern Boys sans son sens moral borderline, Desde allà joue beaucoup sur le doute concernant la personnalité du personnage principal: dépendance affective SM façon syndrôme de Stockholm ou vengeance larvée pour arriver à ses fins? A contrario, son jeune partenaire évolue dans un incertain sentimental beaucoup plus malléable dans un jeu d'attraction répulsion à la perversion subtile et vénéneuse. La confrontation de ce personnage insondable avec un autre en pleine métamorphose dans un climat d'homophobie ordinaire et de traumatisme incestueux via la figure incontournable du père constitue un va-tout un peu trop commode pour prétendre au coup de maître mais choisir de ne pas caresser le spectateur dans le sens du poil affirme avec une vigoureuse assurance un cinéaste à suivre.
4/6