Nicolas, 11 ans, vit avec sa mère dans un lotissement au bord de la mer. Le seul centre d'activité est l'hôpital. Là, tous les garçons du village font l'objet d'étranges expérimentations médicales qui cherchent à renverser les étapes de l'évolution.
On comprend devant ce second long de Lucile Hadzihalilovic pourquoi elle ne tourne que tous les dix ans tant son univers hybride ne pâtit d'aucun compromis: expérimentation angoissante sur le nombril d' enfants en pleine mutation (mâles cette fois-ci à contrario du gynécée d'Innocence, mais où toutes les adultes sont des femmes) dans un hôpital digne de Caro et Jeunet, primauté de la sensation sur la structure narrative, mélange d'horreur clinique glauquissime et de poésie brute des fonds marins digne d'un doc de Cousteau avec probablement le plus beau baiser de cinéma ever sublimé par le chef op de L'étrange couleur des larmes de ton corps.
Voluptueux et perturbant, Evolution distille sa menace tentaculaire telle son étoile de mer vénéneuse brandie en totem, mais prend encore plus de valeur après la vision, où s'estompent les défauts dûs à sa froideur de ton qui entraîne certaines longueurs notamment dans la partie parfois redondante dans l'hôpital. Peuplée de fulgurances scotchantes et d'étranges rituels grondant d'un surréalisme à la Cronenberg, son île reculée dirigée on ne sait par des sirènes ou des tortionnaires s'engouffre dans les profondeurs d'un cauchemardesque toujours lucide aux confins du biologique et de l'organique. Finalement, pour des expériences pareilles, ça vaut le coup d'attendre dix ans.
5/6
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