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Prologue (Lloyd Bacon - 1933)
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Auteur:  Tom [ 01 Mai 2015, 23:42 ]
Sujet du message:  Prologue (Lloyd Bacon - 1933)

Footlight Parade en VO.

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À l'avènement du cinéma parlant, Chester Kent, producteur et metteur en scène de spectacles musicaux, se retrouve sans travail. Il décide alors de monter des prologues destinés à passer en première partie des films.


Je découvre du coup le principe du "prologue" (numéro chanté/dansé ouvrant les séances de cinéma au début des années 30), sans savoir à quel point c'est une réalité historique, ou une invention du film.

Réalité ou pas, ça n'a finalement que peu de rapport avec les débuts du parlant (trompant l'impression première d'un film réflexif sur son propre contexte), puisque le "prologue" ne fait que prendre la place de l'habituel spectacle à répéter/préparer en troupe, amenant d'ailleurs la césure du genre entre passages narrés et dansés à un extrême quasi schizophrène : deux tiers du film purement dédiés à la screwball (un petit numéro musical excepté, d'ailleurs tout nul), et un dernier tiers entièrement composé de trois numéros musicaux totalement indépendants et déconnectés, comme trois courts-métrages isolés. On pourrait craindre que cela n'aggrave plus encore l'indépendance froide des numéros de Berkeley, mais celui-ci se débrouille très bien ici : son numéro aquatique, le plus "Berkeleyien" de tous, s'arrange pour glisser très progressivement vers l'abstrait, comme un rêve de plus en plus délié du chanteur s'étant endormi, sans agresser la continuité.

La vraie identité du film, néanmoins, tient dans l'hystérie de ses deux premiers tiers (dont Dick Powell est d'ailleurs assez exclu, un autre parti-pris accentuant l'impression de césure). C'est quasiment un film sur le burn-out : pas un dialogue qui ne se fait autrement qu'entre deux personnages entrain de bosser à autre chose, entrain de courir, de crouler sous les tâches et les délais impossibles, alors que le cadre est saturé de centaines de danseuses au travail à l'arrière-plan, ou écroulées de fatigue au premier plan... D'abord un peu sec (accélérons le rythme au maximum et basta), ce petit jeu s'incarne à la moitié du film dans une idée de scénario géniale, que le film n'exploite malheureusement que très peu, alors qu'on avait là un réservoir à situations fortes (notamment pour la résolution des enjeux romantiques) qui aurait pu tenir un film entier.

Le goût laissé en bouche est donc un peu mitigé : la plus belle idée du film n'est que peu explorée, son numéro musical le plus spectaculaire n'est en rien rattaché aux enjeux... La vitesse scénaristique finit par tourner un peu sur elle-même, le bloc musical final venant de toute façon en faucher l'évolution (malgré une tentative sympathique de reprise en main de la dramaturgie en ouverture du dernier morceau). On pourra se consoler en collectant les stigmates du précode, innombrables, jusqu'à ce personnage de censeur casse-couille que le film passe son temps à ridiculiser. Mais bizarrement, malgré la collection de clins d’œil sexués, le film semble déjà passé de l'autre côté : moins de défaitisme et de cynisme, rythme et show son et lumière déjà pleinement maîtrisé, femmes déjà largement moins dominantes... Même si on est déjà tard (1933), voilà qui pousse à relativiser un certain nombre de clichés sur la période.


Concernant le DVD (Forbidden Hollywood) : L'image est bonne, mais quel intérêt d'éditer le film enb1.37 pillarbox (= un 16/9è avec deux bandes noires sur les côtés) ? Ça pose problème sur les écrans carrés (alors qu'une édition DVD 4/3 s'adapterait à tous les écrans) et ça réduit la définition pour rien...

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