Profitant de la maison familiale en l’absence de ses parents, Nicole passe paisiblement l'été de ses 22 ans en compagnie de sa meilleure amie Véronique. Alors que leurs vacances s’annoncent sans surprise, le frère aîné de Nicole débarque avec son groupe de musique pour enregistrer un album. Leur présence envahissante vient rapidement ébranler la relation entre les deux amies. L'été prend alors une autre tournure, marqué par la canicule, l'insomnie grandissante de Nicole [Allociné]
On ne peut pas dire que Tu Dors Nicole se distingue par l’originalité de son projet : en 2015, le spleen d’été de jeunes adultes peinant à se fixer est un genre devenu franchement éculé. Les ambiances semi oniriques et somnambules sont bien plus attendues également. Ajoutez à cela un groupe de rock en répétition dans une maison familliale abandonnée, un noir et blanc très prononcé, ou un second rôle de pré-ado précoce en forme de gimmick bunuelo-solondzien et on aurait envie de fuir direct… Stéphane Lafleur donne tous les bâtons pour se faire battre.
Et pourtant je trouve que ça marche plutôt bien! Julianne Côté, excellente et vraiment craquante y est pour beaucoup, mais aussi le cinéaste finalement, qui garde une certaine légèreté dans son approche: l'entre-deux de l'héroïne, son indécision et sa difficulté à s'ancrer dans l'âge adulte, ne nourrie pas spécialement une mélancolie façon Ghost World par exemple, mais plutôt un certain nombre de possibles malgré les différentes "déceptions" rencontrées par l'héroïne tout le long, avec un présent qui ne se tord jamais vraiment à ses souhaits, mais qui parvient à refléter paradoxalement une dimension assez magique du quotidien à l'écran. Celà évite les pièges de la fascination pour la "lose" , ou de sombrer dans un evanescent trop attendu. En particulier lors de scènes vraiment difficiles à cerner dans l'humour, comme celles de l'association caritative, avec ses trisomiques et sa patronne qui fait des monologues sur les micro-ondes.
Des trucs à priori Améliepoulinesque au possible à base de talent pour les sandwichs aux tomates ou pour la couture de bord de pantalons passent miraculeusement comme une lettre à la poste, par la capacité à vraiment installer une scène entre deux personnages à ces moments là, en silence et en dialogues, dans le cadre et de petits panos... Tu dors Nicole ne rend jamais trop illustratif ou démonstratif ce contenu à la fois banal et légèrement surréaliste. Il y a souvent le détail et la petite idée juste qui sauve une scène qui aurait tout pour être poseuse, comme cette séquence de la voiture qui tourne en rond sur fond de chants de baleines.
Au final un petit plaisir assez simple et franc que ce film, même s'il reste prisonnier d'une démarche un peu superficiel, et si le dernier plan ne me plait pas beaucoup...