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La Fille des marais (Detlef Sierck / Douglas Sirk - 1935)
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Auteur:  Tom [ 09 Mar 2015, 00:58 ]
Sujet du message:  La Fille des marais (Detlef Sierck / Douglas Sirk - 1935)

Das Mädchen vom Moorhof en VO.

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Un jeune et modeste fermier, amoureux d'une femme issue d'une famille plus riche que lui, se rend à la foire aux bonnes pour en embaucher une. Il y croise une jeune femme timide, mise enceinte par son ancien patron, et qui se défend lors d'un procès pour faire reconnaître le futur bébé.


C'est une grosse surprise de découvrir ici bien plus que le proto-mélodrame Sirkien espéré. Dès le "marché aux servantes" qui ouvre le film (scène excellente, par ailleurs), les rapports mêlés de désir et de pouvoir vis-à-vis du possible propriétaire prennent une teinte étrange. Si la suite est parfois inégale (les scènes aiguisées côtoient des passages moins ambitieux), le film impressionne par la manière dont il aborde les données habituelles du mélo (les différences sociales, l'amour contrarié) sous l'angle du fantastique. Le surnaturel n'est pourtant pas plus clairement acté que le désir, mais le soupçon des deux produit des étincelles : l'obsession de l'autre se fait mauvais sort, la fille conspuée semble porter une malédiction sur la demeure, et la providence plane sur chacun des évènements. Surtout, par un jeu inspiré de mariages, de liaisons, d'équivalences, Sirk parvient à confondre amour, désir, rapports sociaux (limites fascinés, façon SM) entre servants et propriétaires, et à faire des intuitions de chacun un pont vers les croyances fantastiques de la ruralité allemande : tenant mordicus, en fait, à présenter ces différents aspects des relations entre les êtres comme indissociables, comme les différentes facettes d'un même élan. Et cet aspect-là est vraiment beau.

Ce charme se perd malheureusement dans la dernière partie. On y trouve de belles choses pourtant via les personnages, que Sirk rend extrêmement dignes (honnêteté, confession, reconnaissance mutuelle). Mais toute cette partie se fait aussi comme "la tête hors de l'eau", sortie du songe et de la tentation fantastique, verbalisant et explicitant ce qui gagnait à rester ambigu. Un petit côté "mais rassurez-vous, tout est clair maintenant" qui renvoie la scène finale à quelque chose de franchement petit et décevant - et d'une certaine manière, à quelque chose d'un peu puritain, dénouant l'amour "vrai" de l'angoisse délicieuse des pulsions. Ce dernier quart du film reste remarquable par bien des points, mais je ne peux m'empêcher d'être déçu de voir le projet incapable de transformer sa magie noire en magie blanche.

Ça reste une très belle découverte, un mélo imparfait mais constamment surprenant, et assurément l'un des meilleurs Sirk.


Concernant le DVD (Carlotta) : L'image manque de définition, le contraste est charal, les contours rehaussés, la copie en mauvais état (voile, taches, sautes, noir à certains cuts...). Après, y a pas d'interpolation ou d'horreur de ce genre, donc ça reste regardable.

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