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Le Don de Dieu (Gaston Kaboré - 1982)
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Auteur:  Tom [ 08 Mar 2015, 01:55 ]
Sujet du message:  Le Don de Dieu (Gaston Kaboré - 1982)

Wênd Kûuni en VO. God's Gift à l'international.

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Au milieu de la brousse brûlée par le soleil, un colporteur découvre un enfant évanoui, à demi-mort. Celui-ci entend, mais est incapable de prononcer le moindre mot.


Si l'histoire de Wênd Kûuni a les atours d'un conte, il est difficile d'en retracer le déroulé, tant celui-ci est éparpillé, dilué, à peine semé, à travers la chronique calme d'un village rural (dont les évènements annexes viennent par ailleurs régulièrement perdre la maigre ligne du récit). Il faut quand même un quart d'heure avant qu'un simili "il était une fois" nous informe sur le temps ancien et doré où se joue le récit, par exemple. Au point qu'on se retrouve presque désarçonné, voire un peu déçu par ce "retour à la normale", quand le flash-back final vient soudain remettre les tenants et aboutissants de l'histoire au premier plan.

S'il n'est pas contemplatif à proprement parler, le film trouve une sérénité remarquable dans sa description précise et limpide de la journée de sa famille, du rapport de ces personnages à la nature alentours - mais jamais d'un point de vue de chronique sociale, ou dans un amour du geste. Pour le dire autrement, le film trouve son identité dans le fait-même de décrire : il est certes traversé de "sujets" (la question de la condition des femmes, notamment, qui se retrouve chez trois personnages), mais son véritable objet semble être de faire état d'un certain tempo de l'ancien monde. Ça passe ou ça casse, et malgré la force formelle du projet (cadres forts, photographie élégante, plans parfois étrangement abstraits), il arrive assez souvent qu'on ait l'impression d'un film sage et endormi, voire scolaire, qu'on ne ressente pas grand chose et qu'on se demande ce qu'il y a réellement à voir. L'apposition d'une musique européenne omniprésente (et assez vite soulante), si elle dés-exotise efficacement l'ensemble, entretient aussi une distance dont on peine à saisir l'utilité, sinon celle d'une pose auteuriste très théorique et un peu vaine.

En fait, le plus intéressant du film vient de l'enfant muet. Il y a là un aspect que je n'avais pas vu exploré jusqu'ici dans le cinéma centre-africain, qui semblait justement tirer toute sa singularité de son extrême littéralité, à commencer par la mise en valeur de la parole. Or, au-delà de nous refuser cette parole, l'enfant est surtout un visage calme, impassible, ouvert à toutes les lectures : comme si soudain en le filmant s'ouvrait un hors-champ, un espace à investir. Ce qui n'a rien de fou, certes, mais qui dans ce cadre si littéral, si "objectif", crée d'étranges mariages. C'est globalement l'aspect du film qui me plaît le plus, cet espèce de décalage (tenant peut-être encore simplement de la découverte de cette cinématographie, et non à ce film en particulier ?) qui semble toujours faire advenir l'étrangeté et l'intérêt de la scène un peu à côté de l'évènement, dans le creux, comme si le conteur hagard s'égarait dans la ballade de sa narration.


Concernant le DVD : ça fait partie du coffre "Cinéastes Africains 2" d'Arte, l'image est bonne.

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