Le mythe d'Oedipe en trois parties distinctes, l'avant et la dernière transposées dans un contexte contemporain.
Film apparemment autobiographique dans lequel Pasolini utiliserait le mythe pour exorciser une histoire personnel en même temps qu'il opérerait un règlement de compte avec la petite bourgeoisie. Si la longueur du film se fait sentir on y trouve quand même de très belles choses dont une magnifique première partie relative à l'enfance du héros. Évocation des premiers instants non pas tendres et nostalgiques mais où est sensible la solitude et l'incompréhension liée à notre arrivée au monde. Avec cette singularité propre au cinéaste, on redécouvre les choses par le regard de l'enfant avant de plonger dans l'adaptation du mythe en soi, transposé ici dans les territoires vierges du Maroc. C'est assez fort bien qu'ensuite le récit, trop délayé ne fonctionne pas parfaitement. L'autre séquence étonnante est la réinterprétation de l'assassinat du père, étirée jusqu'à l'absurde. Au contraire celle du Sphynx est bizarrement baclé, Pasolini ayant choisit de faire de son Oedipe aussi une espèce de brute qui se débarrasse du monstre en un coup d'épée.
On a là des trouvailles sur les costumes, sur l'attachement à ces paysages et son filmage à la Jean rouch, déjà présent dans L'évangile et qui se déploiera encore dans la trilogie de la vie. ça n'a cependant pas encore la beauté des Milles et une nuit ou de Médée.
A noter l'apparition de Julian Beck en Tiresias.