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This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)
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Auteur:  Slacker [ 11 Déc 2014, 00:45 ]
Sujet du message:  This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

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Sean Penn, ex-rock star traumatisé et dépressif, se traîne en Irlande et lance des réparties drôles et désespérées.

Soyons clairs, ce film mérite un topic, mais pas que je m'esquinte à écrire une critique classe et argumentée, et ça tombe bien, c'est pas trop dans mes cordes.
La première partie est très réussie : malgré des travellings très beaux mais omniprésents qui font penser de l'(auto-) caricature, les personnages sont très soignés et sont excellemment joués par Sean Penn et Frances Mc Dormand. Le contraste entre la simplicité bourrue de madame, et l'humour dépressif de monsieur, leurs dialogues excellents, m'ont mis la banane pendant une mi-temps. Ce personnage pathétique et drôle, qu'on aime et qu'on moque, me paraissait difficile à réussir, et Sorrentino l'a fait (bien aidé par Penn).
Après les citrons, notre héros (secoué par des éléments du passé qui ne semblent rien avoir à faire ensemble et doublonnent) s'embarque dans une odyssée dans l'Ouest étasunien, à la recherche de son père via de vieux criminels de guerre nazi, et cette partie-là n'était ni nécessaire, ni réussie. On s'ennuie ferme, et si le réal s'applique à éviter les clichés du road-movie, ça ne suffit pas.

Quel dommage, un coitus de cette qualité interruptus aussi brutalement.

Auteur:  Gontrand [ 16 Aoû 2016, 15:49 ]
Sujet du message:  Re: This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

Oui en en effet le début laissait penser à un film mélancolique sur la pop culture un peu à la Ghost World partant d'une situation pas inintéressante (comment la new wave a involontairement transformé la rock jadis genre de dominant en esthétique passéiste à la mélancolie démodée, sans horizon, à la fois consensuelle et codée, qui represente finalement la même chose que les vers ambigus et dédanchanté de Charles Trenet, tétanisée par l'angoisse de la mort individuelle) qu'il abandonne en cours de route (la rupture est justifiée uniquement par le mépris refoulé du personnage central apparemment bienveillant envers ce microcosme, principal moteur de la fiction) , pour se transformer en chasse au Nazi esthétiquement merdeuse et moralement abjecte au sens rivettien. Le film joue sur opposition entre le caractère dévalué de la culture populaire à la Shoah comme signifiant historique massivement "noble" (le film survalorise la judaïté comme condition super-historique, le personnage de Penn glisse des répliques antisémites "désintéressé" sur ce qui a trait à la possibilité de juger la Shoah, du "show business" pout le sceptique intelligent, et en faisant par ailleurs la leçon à ses propres personnages face à leur antisémitisme "intéressé": "tous ne sont pas riches vous savez", il racole de tous les côtés), qui ici fourni l'occasion d'un récit de revenge porn en toute bonne concience, d'un goût pour la truculence en carton et la tranche de vie condescendante qui prolonge l'esthétique moqueuse envers le peuple (le film rit de ses personnages avec le spectateur dont Penn est le prolongement dans la fiction la dramturgie est plus pauvre que celle des Coen) du genre "Strip Tease" en lui enlevant ce qui lui restait de prétexte sociologique. La grande idée du film c'est que les Nazis ont pu se fondre dans le décor américain parce que le mauvais goût des rednecks et la fadeur esthétique du camping car étaient déjà une forme de mal radical qui pouvait l'absorber. Conclusion: le seul remède possible est le snobisme hautain, a-dialectique, qui considère les nazis avant tout comme des losers qui vieillissent mal. Mais le film a même pas le courage d'exprimer cela dans une forme bis qui serait déjà une forme de recul, il le surintellectualise, repompe des trucs déjà vu ailleurs, chez Kusturica (Arizona Dream), Hal Hartley, Burton, les Coen, une mauvaise copie du travelling avant de "Profession Reporter" en rajoutant dix couches à ce qui à l'état originel était déjà bien plombant et apprêté. Pas tenu jusqu'au bout. "Feel good movie" qu'on m'avait dit.

Sean Penn est amusant 10 minutes mais joue sur une seule note, et le film arrive à transformer en scie une jolie chanson des Talking Heads (et feint de rendre hommage à "Stop Making Sense" tout en en surlignant hypocritement la part démodée et finissante). Film trop malin pour être intéressant, trop signifiant pour signifier.

Auteur:  Karloff [ 16 Aoû 2016, 18:20 ]
Sujet du message:  Re: This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

J'ai détesté

Auteur:  Gontrand [ 16 Aoû 2016, 18:45 ]
Sujet du message:  Re: This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

C'est un assez bon résumé. Puis la lumière jaunâtre est à chier. C'est un peu comme su Jeunet faisait un film de Robert Kramer. En plus l'actrice Olwen Fouéré est apparemment une fille de collabo complètement dans le déni à propos de son père. C'est pas de sa faute mais bon il y a comme un point aveugle dans le film.

Auteur:  Karloff [ 16 Aoû 2016, 18:52 ]
Sujet du message:  Re: This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

Je trouve le film complètement chiqué, signifiant comme du mauvais Wenders. Et insultant vis à vis des Cure, groupe que j'adore.

Auteur:  Gontrand [ 16 Aoû 2016, 21:22 ]
Sujet du message:  Re: This Must Be the Place (Paolo Sorrentino - 2011)

J'ai l'impression que Penn imite plus Bono que Robert Smith, mais on s'en fout. Sinon pour les Cure j'étais un poil trop jeune pour connaître leur apogée, et ai plutôt connu le Grunge "commercial" (j'ai écouté des groupes comme les Wipers que récemment) et la Britpop qui avaient déjà une dimension cynique de parodie, mais récemment j'ai écouté "Disintegration" et "Kiss me, kiss me, kiss me" et en effet ce n'est pas du bran, (et en plus cela se vendait, avec à chaque fois 20 titres).

Au départ le rapport à l'identité juive n'est pas si con, Siouxsie avait développé une sorte de fixette là-dessus qu'elle avait réussi à surmonter (au point de se faire traiter de nazie en 1980 et de colonisatrice sioniste en 2010 sur YouTube, dans les deux cas à côté de la plaque, et presque pour les mêmes images), mais le film est moins subtil. Je sauve les deux petites qui jouent la punkette et Rachel, meilleures que Penn ou McDormand.
Je m'étonne de la côte de Sorrentino, alors que Burton, quand il n'a rien à dire, ne filme guère plus mais passe inaperçu quand il fait un bon film comme "Big Eyes".

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