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Au nom du père (Marco Bellocchio - 1972)
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Auteur:  Tom [ 09 Nov 2014, 22:23 ]
Sujet du message:  Au nom du père (Marco Bellocchio - 1972)

Nel Nome del Padre en VO.

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Un collège de Jésuites à la fin des années cinquante. Deux élèves, Franc et Angelo, aux personnalités pourtant dissemblables, refusent le joug imposé par les Pères religieux...


Toujours le même schizophrénie chez Bellocchio, entre les velléités de discours plombantes, et une mise en scène pourtant ouverte, généreuse, toute en nuances. L'exposé est ici plutôt emballant, remarque : les élèves ne sont pas plus à sauver que les prêtres, et la peinture qui est faite de l'institution est davantage celle d'un asile d'aliénés où chacun trouve son compte. Les relations en circuit fermé, les rapports de force qui s'y sont construits loin du regard extérieur (étranges images lointaines de la ville moderne, dehors), sont teintés d'un sado-masochisme (le côté "internat") bien heureux de s'exercer reclus. Dans cette mise à nu littérale des pulsions, on est pas très loin parfois de Bunuel, Oshima, ou Pasolini...

C'est dans ce sillage fertile que l'habituel onirisme de Bellocchio se déploie, cette impression constante de monde fantasmatique, de songe nauséeux. Un parfait cinéaste de maison hantée...



Exemple typique de ce cinéma : une idée au symbolisme énorme et pataud sur le papier qui, dans les mains magiciennes de Bellocchio, se transforme en rituel de terreur à l'égard des adultes, mais aussi en manipulation fielleuse laissant aux jeunes l'impression d'un pouvoir de rébellion... Sur le terrain de ce malaise-là, le film est très bon.

Malheureusement, petit à petit, l'ensemble se réfugie dans la démonstration froide, en s'étalant pour cela à foison dans le grotesque (le repas de serviteurs, usant...), malgré d'intelligentes façons de le manier (le spectacle). Toute la dernière partie, bourrée d'ellipses et de facilités, n'est plus occupée qu'à réciter sa dissertation, quitte à sérieusement saccager l'ambiance et le ton qu'on avait patiemment installé. Dommage donc, parce qu'il y a là l'univers le plus frappant que j'ai croisé jusqu'ici dans sa filmo, et qu'il en en accouche tout de même l'impression d'un film très "petit".

Auteur:  Gontrand [ 11 Nov 2014, 22:27 ]
Sujet du message:  Re: Au nom du père (Marco Bellocchio - 1972)

Le film est à la fois fantasmagorique et déceptif mais en un certain sens heureusement, satisfaisant cela voudrait dire qu'il s'identifierait complètement au carnaval fasciste que ses personnages représentent. Daney le considérait comme un film réaliste pour mieux l'attaquer politiquement, toi tu le considères décevant et en dessous de son potentiel fantastique, mais c'est le même reproche finalement.

Auteur:  Tom [ 12 Nov 2014, 08:29 ]
Sujet du message:  Re: Au nom du père (Marco Bellocchio - 1972)

Gontrand a écrit:
Le film est à la fois fantasmagorique et déceptif mais en un certain sens heureusement, satisfaisant cela voudrait dire qu'il s'identifierait complètement au carnaval fasciste que ses personnages représentent.

Oui, il aurait fallu quoiqu'il arrive une porte de sortie. Elle est juste assez fainéante, ici. Pourquoi le même reproche ? Vais aller essayer de trouver le texte de Daney, ça m'intéresse de voir comment il décrypte ça.

Auteur:  Gontrand [ 15 Nov 2014, 11:16 ]
Sujet du message:  Re: Au nom du père (Marco Bellocchio - 1972)

Tiens sinon il me semble que le film doit beaucoup à Carmelo Bene, mais je ne connais pas bien. La pièce dans "Au Nom du Père" ressemble à des passages de "Notre Dame des Turcs" que j'ai pu voir, mais en plus "réaliste" et contextualisé.
Le lien théâtre-lutte politique est central dans un tas de film italiens, et tourne sans doute autour d'une scène qui ne s'est pas réduite aux cinéastes les plus connus. "Partner" et "Je suis un Autarcique" de Moretti décrivent finalement une seule trajectoire en boucle développée sur 10 ans.
D'ailleurs en comparant Partner et les Bonus d'un Homme Ridicule où Bertolucci insiste très lourdement sur la judéité d'Anouk Aimé et le fait que son nom de scène a été donné par Prévert, on comprend un truc sur Bertolucci: parti sur une mise en scène révolutionnaire faite par les fils , il a gllssé vers un film où les père remplissent une fonction de simple médiateurs entre des forces historiques et des déterminismes sociologiques et culturels qu'il ne peuvent qu'illustrer pour signifier qu'ils se sont retrouvés débordés.

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