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La Souriante Madame Beudet (Germaine Dulac - 1922)
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Auteur:  Tom [ 31 Aoû 2014, 21:15 ]
Sujet du message:  La Souriante Madame Beudet (Germaine Dulac - 1922)

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Une bourgeoise provinciale rongée par l'ennui, et prisonnière d'un mariage suffocant, en vient à rêver de tuer son mari...


Sadoul n'est pas tendre avec Dulac dans son Histoire du cinéma, décrivant une théoricienne centrale du mouvement impressionniste, mais surtout une réalisatrice médiocre, dont ce film (un moyen-métrage de 40 mn) serait l'unique réussite.

À vrai dire, je ne vois pas beaucoup de défauts ici qui échappent aux œuvres de ses collègues. C'est à dire une tendance au démonstratif, avec tout ce que ça implique : ton mécanique, didactisme et illustration (je dis = je montre)... Ça se traduit ici surtout par un découpage effréné saturé de cartons, explosé en plans-fragments (des iris, pour la plupart) avant tout pensés comme les données d'une argumentation. On ne prend ainsi jamais le temps de profiter de ce qu'on filme - à commencer par l'héroïne, superbement incarnée, mais étouffée par un montage qui ne lui laisse pas plus de deux secondes de suite à l'image. On pourrait ajouter à cela la foi inébranlable et un peu puérile dans les trucages optiques, parfois complètement gratuits ou lourdingues (le "théâtre" final, mon dieu...).

Mais en fait dans l'ensemble, une fois passés ces défauts, je trouve ça beaucoup plus inspiré, et surtout beaucoup plus fluide, que chez Epstein ou L'herbier. Je ne sais pas si Dulac en a conscience, mais ses meilleures qualités sont aussi les plus discrètes. Par exemple cette homogénéité du film entièrement terré dans un appartement, que les fantasmes de l'épouse cloîtrée emplit de visions, certes (c'est le parti-pris ostentatoire), mais qui devient aussi le monde à lui tout seul : se métamorphosant continuellement au gré des variations d'humeurs et de lumières, réfracté en multiples points de vue donnant l'impression de se perdre dans 3 m²... C'est ce genre de choses plus discrètes qui font tout le prix du film, et lui évitent le sentiment de tour de force un peu sec.

Au final, les parti-pris du film sont cohérents et unifiés (d'autant plus que le suspense lié au pistolet fait vibrer toutes les images autour d'une même tension), et l'ensemble prend rarement l'aspect de réservoir à trouvailles isolées. Peut-être est-ce effectivement le seul film réussi de Dullac - et ce n'est effectivement pas le plus ambitieux du courant, sur le papier. Mais ce que je vois là (et ça me semble être foutrement important, voire fondamental pour faire de ce courant autre chose qu'une somme de tentatives stériles), est le seul exemple de film impressionniste où j'ai l'impression que, pour une fois, la mayonnaise a "pris".


Je crois que je dis ça à chaque nouveau film impressionniste, en fait.

Et ça doit être le 5è film que j'aime cette semaine, ça devient suspect.

Auteur:  Tom [ 31 Aoû 2014, 22:56 ]
Sujet du message:  Re: La Souriante Madame Beudet (Germaine Dulac - 1922)

Un extrait : passage de la première à la deuxième partie, au moment où l'héroïne part dans ses vertiges, et commence à voir son mari partout. C'est un peu le big moment "effets", le reste du film est plutôt sobre sur ce plan-là.



Grand écran

J'avais regardé le film sans la musique composée pour en 2005, mais en fait elle a l'air pas trop mal.

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