"Les enfants de Marx et de Coca Cola, comprenne qui pourra".
Meilleure tagline du monde sur l'affiche
Celà fait un moment que je n'avais pas pris beaucoup de plaisir à découvrir un Godard, et ce film très générationnel (contexte de campagne électorale, bouillonnement pré loi Neuwirth sur les questions de contraception) m'a permis de rompre avec cette salle habitude (j'ai abandonné La Chinoise récemment...). Ici je trouve que tout a une vivacité vraiment réjouissante : les saillies politiques un peu désespérées, l'utilisation de Chantal Goya, et surtout la tentative de battre sur leurs terrains les essais sociologiques façon Chronique d'un été, avec notamment des scènes "interviews" entre les personnages qui sont franchement géniales tant elles cassent la frontière doc/fiction... Godard découpe toujours hachi-menu (il y a notamment une séquence mémorable de séance de cinéma où le héros va enguirlander le projectionniste sur le format utilisé, s'agite sur plusieurs sièges consécutifs, a le temps de faire un tag à l'extérieur, pendant qu'est déroulé un film dans le film qui semble se moquer de la coi-prod suédoise...). De même, il fait dérailler toute utilisation "séduisante" de sa bande-son yéyé, même si on sent un malin plaisir chez le cinéaste à explorer cet univers, ça a un petit côté "remix" aujourd'hui, et c'est aussi peut-être ce qui peut servir à la vision la plus "superficielle" du cinéaste que Godard renie de la part d'admirateurs US... Et aujourd'hui c'est vrai que c'est clairement un beau réservoir à captures d'écrans pour Tumblr. En tout cas ici le film trouve vraiment une musicalité propre au-delà de la déconstruction. Les incursions de séries B urbaines, à coup de blondes et de coups de revolvers au sortir de bistrots ou en plein métro, sont notamment très réussis, alors que d'un autre côté on a un final "policier" bien sur absolument dérisoire.
Jean-Pierre Léaud est à mi-chemin entre Doinel et sa performance plus hardcore de La maman et la Putain. On imagine que le film a du faire sacrément mal aux oreilles de la France Gaulliste à l'époque quand même, et des images comme celles des deux mecs se roulant une pelle dans les toilettes sont assez bruts de décoffrages pour du frenchy tourné en 1965.
Superbe photo de Willy Kurant, et j'ai eu du mal à reconnaitre Marlène Jobert.