Trois adaptations des Contes de Maupassant. Dans Le Masque, un médecin court au chevet d'un homme masqué après un malaise dans un bal parisien. Dans La Maison Tellier, on observe le désarroi d'une petite ville et de ses notables le jour de fermeture de la maison close, et l'escapade de ses occupantes à une première communion. Dans Le Modèle, on observe la dégradation de la relation entre un peintre et sa maitresse, également son modèle...
Malgré ce programme de trois sketchs, La Maison Tellier occupe une place particulièrement prédominante, près d'une heure sur les 95 minutes du film, comme s'il s'agissait d'un long métrage avorté... Du coup on a plus le sentiment que les adaptations des deux premières nouvelles servent d'introduction et de conclusion qui vont se nourrir de l'univers de l'auteur. C'est bien aidé par le meilleur élément du film, cette figure de Maupassant en narrateur fantôme et dissimulé dans les fondus au noir (l'une des meilleures utilisations de la voix off dans une adaptation littéraire je dirais, l'excellent Jean Servais devenant en prime lui-même l'un des personnages du dernier épisode).
Le problème dans le fond c'est que ça m'ennuie comme si ça passait à 20h50 sur France 2, alors que c'est absolument le grand huit niveau formel : plan-séquences stupéfiants et caméra aérienne de rigueur, alors que l'action se déroule une grande partie du temps dans des formidables décors de studio. Comme chez Kubrick qui lui doit décidément beaucoup, on a ce sentiment de post-expressionisme où chaque contre-plongé, chaque oblique, se doit de plonger dans la démesure chaque plans...
Il n'y a pas tellement d'ivresse ni de "plaisir" à vrai dire, puisque cette beauté par l'oeil précède comme un orchestre tonitruant en permanence toute sensation et émotion, surplombe en particulier par sa démesure l'univers de description malin mais aussi parfois petit et mesquin de l'auteur, ce qui crée vraiment un vertige un peu génant avec les moyens mis en œuvre pour le traiter. Et malgré les différentes couches sociales explorées, on retrouve finalement surtout un fantôme un peu artistocratique dans ce projet. La sensation de voir une grosse machine honnêtement "épatante" et brillante à tout point de de vue mais, qui tourne un vraiment à vide... ou alors c'est une forme de cinéma qui ne me touche vraiment plus, même si Lola Montès a forcément un sujet qui correspond plus à ce traitement.
