Forum de FilmDeCulte

L’histoire d’un amour à travers le grand royaume de l’Histoire, des années 50 jusqu’à nos jours.
Un réalisateur américain d’origine grecque réalise un film sur le destin tragique de ses parents et leurs amours contrariés par l'Histoire au temps de la guerre froide. Pour son film, son enquête le mène en Italie, en Allemagne, en Russie, au Canada et aux États-Unis. Véritable voyage à travers le monde du XXème siècle et travail de Mémoire sur l’Histoire, une élégie sur la destinée humaine et l’absolu de l’amour... Que seule vient troubler la Poussière du Temps...

Angelopoulos jadis adulé et considéré comme un immense cinéaste a terminé sa carrière dans une indifférence déchirante. Comment expliquer autrement la sortie si tardive de son dernier film (sortie qui sera ultra minimale je pense) ? 5 ans pour le sortir c'est triste.

C'est incompréhensible pourtant tellement le film est beau, riche et puissant. C'est un cinéma lourd, hiératique, un peu empesé certes (à l'image de Belà Tarr) mais pas plus qu'un De Oliveira par exemple. On dirait que la mode Angelopoulos est passée, que ça n'intéresse plus personne. C'est triste. Alors que franchement combien de cinéastes vivants ou morts peuvent se prévaloir d'une telle qualité dans la mise-en-scène ? Dans la maîtrise de l'outil caméra ? Ici Angelopoulos fait des merveilles avec quasiment rien, il crée des plans incroyables avec un simple petit panoramique, avec une chorégraphie précise d'entrée et de sortie de champ, avec un cadre si finement ciselé qu'il en devient en lui-même bouleversant. Des grands cinéastes comme ça j'ai l'impression que ça n'existe plus (Tarr arrête le cinéma, Angelopoulos est mort...).

Alors oui le film parle du temps qui passe avec toute la lourdeur théorique que ça peut contenir mais il le fait finalement à travers une matière simple, quelque chose de limpide. Une histoire d'amour contrariée à travers le siècle, à travers la mort de Staline, la chute du mur de Berlin, la guerre du Vietnam... Et c'est vraiment ce qui est le plus beau. Irène Jacob qui joue le personnage pivot est magnifique adorée par Bruno Ganz et Piccoli à la fois. J'aime comment Angelopoulos nous parle d'amour avec trois fois rien, avec du cinéma surtout.

C'est peut-être un peu inégal (la partie avec Willem Dafoe qui recherche sa fille fugeuse souffre de la comparaison avec le reste, le film manque d'une certaine ampleur pour parvenir à être la saga qu'il prétend) mais pour moi ça n'en reste pas moins un grand moment de pur cinéma, de pure poésie filmée. Et c'est suffisamment rare pour en être ému. Très, très beau film.

4.5/6

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CroqAnimement votre

Ouhlà, tu vas mourir toi...

Pourquoi ?

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CroqAnimement votre

Je pensais que Tetsuo allait pas aimer, mais apparemment tout va bien.

Si je commence à me fâcher pour ça, j'ai pas fini...

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N'écoutez pas Film Freak

Non mais c'est même pas un jugement de valeur, c'est juste la réalité de cinéastes hors du temps qui font leurs cinémas dans leurs coins sans avoir conscience du reste de la production, qui s'en foutent. Au contraire je les admire mais là où un Oliveira est largement célébré, Angelopoulos est semble-t-il tombé un peu dans l'oubli malgré sa palme d'or en 98.

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CroqAnimement votre

Pour le coup c'est clair qu'on la lâché le père Théo, alors que Manoel on l'a pas oublié. Je sais pas pourquoi. Angelopoulos avait la réputation de faire des films vraiment pesants, genre regardons le temps qui passe, mais j'en ai vu aucun donc je saurais pas dire...

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N'écoutez pas Film Freak

Bah y'en a un qui ne faisait plus trop de films alors qu'Oliveira a une actualité (et ses films sont moins plombants, ont un peu plus d'humour aussi...)...Mais en même temps ce sont 2 cinéastes qui n'ont pas grand chose à voir.
Angelopoulos ça se rapproche plus de Bela Tarr, Kieslowski peut être avec un peu de tarkovski. un mix

Pesant, c'est peu de le dire. J'ai un peu l'impression que son discours cannois pour Le regard d'Ulysse, suivi de sa palme immérité pour L'Eternité et un jour (qui ne fait que répéter, en moins bien mais en plus court, ses précédents films), l'ont un peu discrédité. Je trouve son cinéma (du moins les bouts de films que j'en ai vus) cent fois plus conscient et fier de lui-même et de sa lourdeur que celui de Tarkovski, auquel on le compare souvent (ou que Oliveira que, pourtant, j'aime encore moins). Ca pèse trois tonnes. Mais c'est aussi assez beau, pas forcément très fluide mais bien photographié. On caricature parfois ça par des plans de huit minutes avec des mecs qui marchent... C'est pas forcément faux.

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Je suis pas certain que ça ait beaucoup à voir avec Kieslowski. Parfois ça me fait un peu penser à du Monteiro.

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Putain vous m'encouragez pas, là...

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N'écoutez pas Film Freak

Le seul que j'avais vu, pour moi c'est un peu ça... Formellement y a vraiment quelque chose (pas juste "une jolie image", un vrai talent) qui évoque en effet Tarkovski, mais c'est hyper ampoulé et, pour reprendre un terme du moment, ça se prend trèèèèès au sérieux.

Faut regarder ça un peu comme un légume devant sa télé. Le Voyage des comédiens, par exemple, tu peux arrêter le film au bout d'une heure ou de quatre, ça revient au même.

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Oui c'est vrai que ça peut évoquer Tarkovski avec cette tentation permanente de la métaphysique.
Après effectivement il y a une lourdeur, une solennité qui peut rebuter (mais pas plus qu'un Bela Tarr) mais on ne peut lui nier son immense talent de metteur en scène (et je suis loin d'avoir tout vu).

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CroqAnimement votre

J'avais adoré Paysage dans le brouillard découvert l'an passé et j'avais hâte de redonner une chance à Theo Angelopoulos. Bon, ce film (son dernier avant sa mort accidentelle) est plus conforme à l'image que je me faisais de sa filmographie - outre Paysage dans le brouillard, je n'ai vu que Le Regard d'Ulysse et un bout de L'Eternité et un jour - à savoir des films très maîtrisés formellement qui cherchent à chaque scène la métaphore qui tue, au risque de perdre le spectateur. Ce fut le cas ici: après une première partie très intrigante, j'ai perdu le fil et j'ai trouvé le temps long... Il y a de belles choses, comme le personnage de Jacob, le plan d'ouverture... mais je suis resté à distance...

3/6