Le film qui lance plus ou moins la Nouvelle Vague japonaise, donc, avec une évocation relativement directe de la sexualité et du stupre.
Ce qui surprend, finalement, c'est que le film est assez commun, surtout lorsqu'on s'y intéresse après avoir vu d'autres oeuvres de la Nouvelle Vague. Nakahira se contente d'une ambiance doucereuse sur fond de musique hawaienne, ce qui est une façon finalement assez cynique de montrer le pourrissement des idéaux amoureux dans la réalité d'une sexualité animale et hypocrite. De fait, l'ensemble souffle d'un manque d'incarnation évident : tout est plan-plan, jusque dans les scènes les plus absurdes, comme ce quatuor amoureux incluant deux frères, une jeune fille, et le mari trompé, sexagénaire, et américain (c'est important, surtout lorsqu'on regarde la suite de la carrière du scénariste) de celle-ci.
Pourtant, magré une intrigue se déroulant comme un filet de melasse coulant lentement d'une cuillère à pot, le film parvient à éblouir avec un final magnifique et exalté, qui bien qu'on le sente un peu venir, prend enfin sa matière à bras le corps pour la secouer de toutes ses forces et lui faire dire quelque chose.