Film jamaïquain. Là, j'ai l'attention de Tom, et je perds celle du Cow-Boy.
Superbe suprise, qui, à travers le destin d'un jeune chanteur devenu truand (belle prestation de Jimmy Cliff), évoque les deux poumons de la Jamaïque, sa musique et son commerce de la drogue.
Ce qui est fascinant, ici, c'est qu'on se retrouve dans une descente aux enfers assez vertigineuse, mais représentée comme une fête, épousant complètement le rythme du reggae qui habille le film. Ainsi, le tragique est dépossédé de sa lourdeur : la déchéance se fait en dansant, en fumant des pets, et écoutant des disques, dans une atmosphère décontractée qui semble s'enrouler autour de chaque péripétie, pas pour les vider de leur sens, mais pour en renforcer l'élan. Une scène résume très bien le film : lors d'un duel au pistolet entre deux des personnages principaux, une course poursuite s'engage. Mais Henzell ne se contente pas de ça : il lance un bidonville entier à leur suite, des gamins hilares courant derrière deux criminels cherchant à s'entretuer. L'ensemble, bancal, frisant parfois le kitsch (avec des scènes Obao à la plage pour signifier le rêve, ou encore cette insistance à évoquer le western), parvient à tenir pendant deux heures sur cette proposition : de faire d'un fait divers sordide et violent une danse de vie.
Très belle trouvaille.
5/6