Dans un village indonésien vit un jeune combattant, Yuda, rompu à l’art martial du Silat. Pour compléter sa formation, il doit accomplir son «Merantau», un rite de passage à l’âge de guerrier adulte. Il est par conséquent envoyé à la fourmillante capitale du pays, Jakarta, où il devra se faire un nom. Sans domicile fixe et sans travail, Yuda découvre l’âpreté de la vie urbaine. Rapidement, un concours de circonstances l’amène à venir en aide à une jeune femme, Astri, sur le point d’être enlevée par un réseau de prostitution étranger. Maintenant recherchés par les chefs du réseau et leurs hommes, Yuda, Astri, et son petit frère Adit, vont devoir survivre la peur au ventre dans la frénésie et la moiteur de Jakarta. Ainsi débute le Merantau de Yuda…
La magie du marketing, c'est de pondre ce genre d'affiches qui donnent l'impression que le film va être un condensé d'action non-stop - un peu comme l'est The Raid - alors que, face aux premières scènes, je me suis limite demandé s'il s'agissait vraiment d'un film de baston ou juste d'un film initiatique de jeune paysan découvrant la ville.
Une fois de plus après Footsteps, l'ouverture s'avère assez accrocheuse. Superposant la voix off de la mère du héros expliquant ce qu'est le "merantau" sur des images vraisemblablement hors-continuité du dit héros s'entraînant seul dans un paysage désertique, l'introduction adopte une approche iconique plutôt réussie.
Mais très vite, malgré une image naturelle assez léchée présentant un Jakarta aux couleurs vives qui tranche avec le décorum habituel pour ce genre de film, on tombe dans un récit balisé avec ses raccourcis obligatoires (où le gentil héros qui débarque en ville va tomber DEUX FOIS PAR HASARD sur LA MÊME demoiselle en détresse et décider de la défendre) et ses archétypes que le film n'essaie même pas de rendre un tant soit peu intéressants (la pute au grand coeur, son petit frère orphelin, et surtout les méchants exploiteurs de femmes presque cartoonesques dans le cliché).
Disons que ça reste assez adolescent dans la caractérisation et dans le dénouement (là, l'iconisme ne marche plus, ça paraît juste gratuit).
Le premier combat arrive donc au bout de presque trois quarts d'heure d'exposition assez longuette et laisse craindre le pire tant le découpage semble encore galérer pour correctement mettre en valeur cet art martial qu'Evans sublimera sur son suivant, le silat.
Heureusement, malgré un rythme mollasson (et encore, j'ai vu la version courte de 112 minutes, pas la version originale qui en dure 22 de plus), l'action va en se bonifiant et plus on avance, plus Evans se sert intelligemment du décor et apporte du dynamisme à sa mise en scène, culminant avec cette séquence-ci : https://www.youtube.com/watch?v=W3x6nBgfLqA
L'action est plus impressionnante par fulgurances, comme c'est le cas, que dans la durée, où du coup, les bastons se font plus répétitives à la longue, comme en témoigne le climax (et, si mes souvenirs sont bons, certains passages de The Raid).
En tout cas, Evans fait un bond qualitatif non-négligeable à chaque film...en tant que réalisateur.
Va falloir qu'il se trouve un scénariste.
