Oui, ça avait pas l'air fameux.
La bande-annonce ne disait rien qui vaille, les échos encore moins, le film avait été repoussé de plus d'un an et on pouvait se méfier d'une adaptation de cette célèbre histoire japonaise où l'on a inutilement greffé un Keanu Reeves en mousse.
Pas inutilement, me dira-t-on, car il était nécessaire pour justifier la production d'un blockbuster mais le souci est là.
On sent que le film veut honorer ses origines, restituer fidèlement l'atmosphère, le bushido, de façon très premier degré, très sérieuse (il n'y a AUCUNE marque d'humour), et en même temps qu'il veut transformer ça en Lord of the Rings nippon, en ajoutant des éléments et un bestiaire surnaturels, une romance...et un perso de "sang-mêlé" donc.
Si la direction artistique assure (costumes splendides, cerf à la Miyazaki, dragon à la Shenron), le calibrage dans l'écriture est d'une banalité sans nom, jonglant quelques persos archétypaux et une connerie d'histoire de trahison rajoutée pour donner une motivation à la vengeance des 47 ronin.
Je ne connaissais pas l'histoire originale en détail et je pensais que ces ajouts pouvaient se justifier par la nécessité de tisser un récit de 2h à partir d'une simple vengeance mais il n'en est rien. Le récit original est déjà riche et autrement plus intéressant et, adapté fidèlement, pourrait donner un putain de film ample sur la vengeance, l'honneur, les questions qui en découlent...ce serait le Munich version samouraï.
À la place, on a un film qui met en grand sur l'affiche ce mec tatoué là qu'on a vu dans un clip de Lady Gaga parce que visuellement il en impose alors qu'il apparaît...dans 3 plans (cela dit, le film a été sévèrement remonté et de gros bouts ont été tronqués). Et ça symbolise bien le problème du film.
Ma principale raison de voir le film, c'était Carl Rinsch, dont c'est le premier long après des pubs et courts prometteurs et qui devait réaliser Prometheus. La mise en image est très compétente dans l'action (un combat au milieu et une infiltration pendant une représentation théâtrale à la fin) mais faudra attendre la suite pour le voir mieux faire parce que là, c'est un peu comme du Rupert Sanders, bien illustré mais pas incarné.
