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Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)
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Auteur:  Walt [ 19 Jan 2014, 22:43 ]
Sujet du message:  Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

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Après cette seconde vision, j'ai bien l'impression que c'est son meilleur avec L'armée des ombres.
Il établit ce qui fait la quintessence de son style, qui trouve là sa plus parfaite représentation.
C'est certainement le plus épuré formellement (magnifié par la photographie d'Henri Decaë) atteignant une certaine forme d'abstraction.

Il cherche ainsi à enlever le superflu pour ne garder que l'essentiel, l'essence du genre du film noir auquel il appliquera son style inimitable, avec cette méticulosité du cadre, cette épure au niveau des dialogues, cette stylisation des costumes et des décors, ou encore ce rythme lent qui privilégie l'ambiance plutôt que les péripéties.
Le réalisateur se fiche de la vraisemblance du récit, ce qui l'intéresse c'est de donner sa vision du film noir américain aux travers des situations et de ses personnage idéalisés.

On retrouve également ses principales thématiques, que ce soit la solitude, la fatalité du destin, ou encore le code de l'honneur des protagonistes qui dicte leur conduite.
Le film peut paraître froid (comme d'autres de ses films) mais ici cet aspect est primordial puisque cette froideur est inhérente à la personnalité de Jef Costello, à la fois mutique et déterminé, obnubilé par l'accomplissement de sa mission.
Delon est très convainquant dans le rôle, arrivant à donner un charisme certain à cette figure singulière qui semble marcher vers la mort, symbolisé par la pianiste.

Que ce soit son caractère, son apparence vestimentaire ou encore les rituels qu'il répète inlassablement, tout cela participe à faire de Costello une icône, un archétype du genre.
Le club de jazz (où se déroulent les principaux événements) semble être assimilé à un théâtre, surtout lors de la scène finale, qui voit tous les personnages partir, comme si la pièce venait de se terminer au moment du drame final, qui voit ressurgir le ton mélancolique du film.

6/6

Auteur:  Baptiste [ 19 Jan 2014, 23:52 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Bonne critique, je n'aurais pas dit mieux! Le film fait très forte impression par le mystère qui se dégage de son économie de moyens. Je n'aime pas beaucoup le film noir mais celui-ci me séduit parce qu'il se débarrasse du superflu et atteint une épure qui confine au métaphysique, comme tu le soulignes. Tu me donnes envie de le revoir, tiens.

Auteur:  Cooper [ 20 Jan 2014, 00:04 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Et bah moi j'adore Melville (genre l'armée des ombres c'est mon film Français préféré) mais celui ci j'y arrive pas, je trouve ça vain comme film, à force de jouer au minimaliste Melville m'a perdu et j'ai perdu tout intérêt dans cette histoire.

Dans le genre faut mieux regarder le film qu'a légèrement pompé Melville, Baby Boy Frankie qui est lui un vrai petit bijoux du genre.

A l'occasion je reviendrais sur les deux films en question (et leur ressemblance).

Auteur:  Walt [ 20 Jan 2014, 10:28 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Baptiste a écrit:
Le film fait très forte impression par le mystère qui se dégage de son économie de moyens.


Cooper a écrit:
Et bah moi j'adore Melville mais celui ci j'y arrive pas, je trouve ça vain comme film, à force de jouer au minimaliste Melville m'a perdu et j'ai perdu tout intérêt dans cette histoire.


C'est un peu le problème du film, il est à double tranchant, certains trouvent que cette épure participe à son intérêt, et d'autres trouvent que c'est un exercice de style assez vain.
Il n'y a pas de demi-mesure possible, soit on est à fond dans l'histoire, soit on y accroche pas.

Auteur:  Slacker [ 20 Jan 2014, 13:00 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Cooper a écrit:
Dans le genre faut mieux regarder le film qu'a légèrement pompé Melville, Baby Boy Frankie qui est lui un vrai petit bijoux du genre.


Jamais entendu parler, mais j'ai lu ou entendu dire que Ghost Dog de Jarmusch (que j'adore) s'inspirait du Samouraï, que je n'ai pas vu.
Nouveau jeu : trouver des films qui inspirent des films qui inspirent des films... ad lib.

Auteur:  Baptiste [ 20 Jan 2014, 13:03 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

oui en dehors de la solitude et du silence que s'impose le héros, il y a aussi tout un trip autour des oiseaux (dans le Samouraï, en cage).

Auteur:  Cooper [ 20 Jan 2014, 14:28 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Slacker a écrit:
Cooper a écrit:
Dans le genre faut mieux regarder le film qu'a légèrement pompé Melville, Baby Boy Frankie qui est lui un vrai petit bijoux du genre.


Jamais entendu parler, mais j'ai lu ou entendu dire que Ghost Dog de Jarmusch (que j'adore) s'inspirait du Samouraï, que je n'ai pas vu.
Nouveau jeu : trouver des films qui inspirent des films qui inspirent des films... ad lib.


Ouais aussi et puis ca a inspiré The Killer et pas mal d'autres films de tueurs à gage mais pour moi la matrice de tout ce beau petit monde c'est le Baby boy frankie et pas Melville qu'on cite un peu trop à tort je trouve.

Auteur:  Art Core [ 20 Jan 2014, 14:28 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Je le trouve définitif ce film. Il n'y a absolument rien qui dépasse. Rien.

6/6

Auteur:  Billy Budd [ 20 Jan 2014, 22:21 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Ghost Dog est davantage inspiré par La Marque du Tueur, il y a même plusieurs plans/idées identiques.

Auteur:  Puck [ 21 Jan 2014, 16:23 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Oui, c'est plutôt The Killer qui est inspiré de Samouraï je trouve. D'ailleurs, Woo l'avait lui même dit.

Auteur:  Baptiste [ 02 Déc 2020, 10:24 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Revu hier, j'avais repoussé la revision en partie par peur de devoir relativiser mon enthousiasme d'il y a 10 ans (il était dans mon top 10 à un moment!).

Eh bien non, ce film est immense. Le cinéma français à son meilleur, quand tout, du scénario à la photo en passant par les décors, la galerie d'acteurs et évidemment la mise en scène, transpire l'excellence. L'ironie étant bien sûr que c'est un film qui se détermine par rapport au film noir américain. Mais c'est seulement un point de départ tant il n'y a pas plus esprit français que Le Samouraï.

La mise en scène est un pur joyau car à la fois très précise (cadres, rythme parfait de chaque séquence dans le temps et dans l'espace) et puissamment évocatrice par son abstraction certaine (notamment via de nombreuses lignes de fuite figurées par le décor).

C'est dingue le minimalisme du scénario qui pourtant recèle de subtilités, de suggestions qui finissent par composer un tableau très riche et pas du tout petit et froid comme certains détracteurs peuvent le dire. Le tueur est en fait un désespéré de la solitude, qui croit avoir trouvé dans la pianiste une humanité qu'il s'employait à effacer, seulement pour se rendre compte qu'elle participait à la machination. Seul son fidèle oiseau (fidèle parce qu'en cage) l'aide par ses piaillements et ses pertes de plume signalant des intrusions.

Auteur:  Azazello [ 02 Déc 2020, 10:42 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

Un peu déçu, vu après L'Armée des Ombres qui est un de mes films favoris, ça semble vraiment trop une simple stylisation en comparaison, trop sec, sans doute que le genre a trop vu de variations depuis et qu'on est un peu épuisé par cet univers un peu vide et cette mythologie pas très interessante au fond (les tueurs, les gangsters...)
"Les gangsters sont des pauvres types, des minables. J'en ai connu pas mal. Pour moi, le film de gangsters était un fourre-tout, un canevas facile pour me permettre de raconter des histoires qui me tenaient à cœur sur la liberté individuelle, l'amitié, les rapports entre les hommes, la trahison." disait JPM, ok mais là je trouve ça raconte pas grand-chose justement.
BOn faudrait que je le revois.

Auteur:  Jerónimo [ 02 Déc 2020, 10:56 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

En tout cas je pense souvent à ce film quand je vais à la friterie.

Auteur:  Le Cow-boy [ 02 Déc 2020, 11:26 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

loooool

Auteur:  FingersCrossed [ 01 Juil 2023, 16:23 ]
Sujet du message:  Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)

en reprise en ce moment à paris dans une sublime restauration 4k (qui est en fait le master criterion de l'année dernière).

pas grand chose à dire de plus que ce qui a été dit et celebré depuis 60 ans, mais...

je suis toujours un peu plus surpris que ça n'ait pas plus d'influence sur les films d'actions français modernes. la même chose entrecoupé de scènes d'action ça peut être une bombe. notamment dans sa manière d'être totalement français, parisien, tout en transcendant, notamment avec les décors. l'appartement de delon, le commissariat ce sont des chefs d'oeuvre de décors, réalistes mais pas vraiment, qui sont français tout en étant une réalité alternative, c'est incroyable.

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