Trois femmes en recherche de célébrités, un marchand de riz, puis un flic, et je vais éviter le synopsis lelouchien... mais on peut s'en tenir à ça
Je n'avais vu que Center Stage du même réalisateur, souvenir un peu lointain mais j’étais resté fixé sur ses allez-retours en docu-drama de luxe qui m'avait ennuyés... Que dire ici, on a une chronique et une ronde de personnages qui aurait très bien pu faire un sujet parfait pour Wong Kar-wai, mais l'installation de Stanley Kwan est au contraire d'une douceur absolue, il y a une chaleur presque pastel dans ces esquisses féminines et les deux portraits masculins, en permanence touchant dans leur candeur, qui inclut son spleen et sa mélancolie parfois cruelle avec un naturel assez surprenant, une touche d'humour qui va toujours reprendre le dessus.
Pas de HK en mode Chaos ici mais plutôt une langueur assez proche du cinéma taïwanais, île dont sont originaires des personnages et sur laquelle le film se permet d'ailleurs une belle espapade dans le dernier tiers. Le générique d'ouverture est une série d'intérieurs vides qui se succèdent assez rapidement, si on les retrouve régulièrement, ils ont peu de temps donnés à la contemplation, mais frappent le spectateur. Aucun des lieux traversés n'est vraiment fixe pour ces personnages errants, le grand appartement situé en face de travaux, d'un aéroport, et donnant sur la mer, synthétisant un peu ces impressions...
Il y a dans le film quelques scènes tout bonnement magiques dans leur assurance et leur liberté, dont celle du repas dans le premier tiers, et le final, bien qu'il énonce un peu trop oralement le propos d'un film qui nous aura bien baladé dans sa tonalité, traitant de manière très surprenant son gros rebondissement et sa fausse enquête policière... Chow Yun-fat qui fait semblant de faire le Colombo fringuant est assez génial, et ça fait maintenant un peu bizarre de voir Tony Leung dans sa pleine jeunesse. Coup de coeur pour l'actrice un peu mutine qui joue Billie, et son régime Vin Blanc / Café.