Un curieux film qui a remporté deux récompenses à Locarno, dont celui du meilleur premier film. Ca commence par une scène où les services sociaux émancipent ce jeune adolescent qu'on surnomme Mouton d'une mère déficiente mentale, et alcoolique. Puis la caméra lui colle aux basques dans sa nouvelle vie de serveur de restaurant, dans une ville qui semble l'adopter immédiatement. Pourtant, le couple aux affaires comme à la ville Deroo/Pistonne, adore brouiller les pistes: Ainsi, une scène le montre se faire cracher au visage par toute la ville, mais absolument pas comme de la persécution ou du bizutage, mais comme un rituel de passage hilare. Mouton désamorce les chemins de traverse linéaires de la narration, au risque parfois d'une certaine pose (notamment un interlude "et pendant ce temps-là un clebs abandonné vagabonde sur la plage"). A mi-parcours, le personnage principal disparaît, ou plutôt il s'évanouit du cadre, car il ne meurt pas, il est parti, on ne le filme plus. A ce moment s'amorce une chronique du manque, de retour à l'ennui d'un petit village normand sans histoire, où surgit des images étonnantes, dont l'érotisme hante, comme ces deux jumeaux qui se partagent une prostituée.
4/6