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Upstream color (Shane Carruth - 2013)
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Auteur:  DPSR [ 18 Juin 2013, 11:07 ]
Sujet du message:  Upstream color (Shane Carruth - 2013)

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Un homme et une femme sombrent tous deux alors que leur identité et les fragments de leur passé s'évanouissent...

En parlant d'esbrouffe, revoici Shane Carruth et ses mises en scène Soderbergh puzzle 5000 pièces. Il est évident que ce mec tient le cinéma en haute estime, tant le travail sur le son ou l'accompagnement musical digne de Melancholia est soigné. Après on dirait un disciple de Malick qui aurat fait son montage avec une masse, englobant ses histoires de romance entre êtres brisés qui veulent se reconstruire, un savant fou qui prend possession des autres en leur faisant avaler des vers, ou de quotidien de la vie d'un élevage de porcs nimporte comment en pensant torcher une petite bombe organique et sensorielle qui aura droit à son Room 237 vingt ans plus tard. Emberlificoté pour rien avec des boucles répétitives comme si le film s'était lui-même perdu en route, surcomplexifié par pure frime (avec ces plans ridicules de coupe où tu vois les persos se mettre à réfléchir en plein coeur de l'action, nouvelle chienlit du cinoche d'auteur qui se la joue), Upstream color serait simplement un gros gâchis, si on n'était pas persuadé qu'il porterait ses fruits sur quelques gogos démissionnaires qui goberaient ses artifices incompréhensibles contre un simple gage de pseudo virtuosité. Comme Primer, une grosse arnaque.
1/6

Auteur:  Art Core [ 03 Juin 2016, 09:37 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

Enfin vu, ce simili film culte aussi adoré que détesté par les quelques happy few ayant eu la chance de le voir (pour info le film va inexplicablement sortir en salles en septembre). Et bizarrement je ne me situe dans aucune des deux catégories sus-mentionnées. En gros j’ai apprécié sans être follement emballé.

Mais je comprends qu’on déteste tant le film pousse loin sa narration toute en ellipses, à l’enchaînement de scènes semblant n’avoir aucun rapport entre elles, au montage totalement déconstruit et sensitif à la Malick dernière période. De mon côté après une période d’adaptation j’ai fini par me laisser porter par le film sans tout comprendre mais en essayant de grappiller ici ou là des bribes de compréhension suffisante pour apprécier le voyage qui m'a semblé avant toute chose, poétique.

Ce qui est fascinant avec ce film c’est que Carruth a écrit un scénario « complet », qu’il raconte une histoire de A à Z (vaguement science-fictionnelle) qui, une fois qu’on l’a comprise, peut être facilement résumée. Il existe bon nombre d’analyses hyper poussées du film sur la toile qui font vraiment sens et qui sont assez plaisantes à lire tant, à postériori, on connecte les choses entre elles. D’où un sentiment de film casse-tête ludique qui met sans cesse en jeu l’intelligence du spectateur. Cependant c’est là aussi où le film est fort, c’est qu’on peut totalement passer outre ses velléités narratives pour un voyage purement sensoriel et mental, d’une poésie souvent très belle et curieuse. C’est bien aidé par la belle mise en scène de Carruth ample et sensible, par la superbe BO aussi (faite par lui-même). J’ai cité Malick dernière période et c’est vraiment prégnant dans cette manière de parler du monde et d’écrire une histoire d’amour par petites touches impressionnistes. Le film est aussi une plongée dans la mémoire, dans la représentation de la mémoire et c'est assez fort de ce point de vue là.

Bref je regrette pas de l’avoir vu même si par moments j’ai décroché, même si à force d’essayer de comprendre ce qui se passe à l’écran on finit par ne plus voir ce qui s’y déroule. Mais quoi qu’on en dise, c’est un film curieux et assez bizarrement j’ai pas du tout l’impression d’un cinéaste roublard ou prétentieux qui serait tout fier de ses effets et de la complexité de son truc. Plutôt l’impression d’un artiste un peu autiste enfermé dans sa bulle. Belle expérience en tout cas.

4/6

Auteur:  Arnotte [ 03 Juin 2016, 09:42 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

Je ne sais pas ce que c'est comme film ni de quoi ça parle mais la BO est géniale.

Auteur:  Art Core [ 03 Juin 2016, 09:51 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

Oui !

Sinon j'ai oublié de dire un truc pourtant assez fondamental, le film représente un rapport aux animaux que j'ai trouvé superbe et très fort.

Auteur:  Karloff [ 03 Juin 2016, 09:59 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

5/6
L'un des films les plus bizarres que j'ai vu depuis longtemps. Un mélange de Lanthimos et de Dupieux en mode sérieux. J'avoue ne pas avoir tout compris, est-ce une métaphore du cancer ? une gigantesque séance d'hypnose méta ? enfin bref, ça m'a à la fois désorienté et fasciné.

Auteur:  Lohmann [ 27 Aoû 2017, 11:10 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

Je ne serais pas aussi dur que DPSR, mais le film ne m'a pas convaincu. Je trouve que Carruth a un vrai talent en ce qui concerne l'image, par contre au niveau scénario c'est d'une complexité qui m'a semblait totalement artificielle. Après je ne connais pas Thoreau, je ne saurais juger de la pertinence du film par rapport à sa philosophie, peut être justifie-elle la forme employée ici. Même si j'en doute un peu.

2/6

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 31 Aoû 2017, 14:09 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

On ne peut nier que Carruth est un mec avec une vision...

Ce film a un peu les mêmes défauts que PRIMER: une volonté un peu gratuite d'obfusquer les charnières narratives, de déconstruire la mise en scène sans trop de raison... C'est dommage car il y a une histoire et on devrait pouvoir la suivre plus facilement. Surtout qu'il y a en plus des émotions simples et touchantes et des moments où on peut être vraiment ému (comme Art Core, j'adore le rapport à l'animal dans le film). L'impressionnisme malickien du film est un peu déjà-vu, mais il fonctionne néanmoins.

Un bilan partagé, au final. Je suis fasciné par la vision kaléidoscopique, cosmique, le jusqu'au-boutisme, mais gêné par certaines afféteries.

Et il faut que Carruth arrête de jouer dans ses films. Il a trop peu de charisme et ça donne l'impression, au pire, d'un étudiant en cinéma prétentieux qui s'auto-met en scène, au mieux, d'un autiste qui n'a jamais su convaincre personne de jouer dans ses films.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 12 Sep 2017, 08:03 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

Plus je pense au film, plus je m'y sens attaché. Il est clair que Carruth n'est en rien un poseur mais, comme le dit Art Core, un mec dans sa bulle. Le film a quelque chose d'assez pur et innocent.

J'avais entendu Thierry Frémaux dire un truc du style "Dans les années 20, les films ont adopté la forme qu'on leur connaît maintenant: 1h30, narration linéaire, etc. Les films de Malick laissent entrapercevoir un monde alternatif où le cinéma aurait suivi un autre chemin". En l'occurrence, le film de Carruth me fait cet effet. Il raconte une histoire linéaire, mais à sa façon, en faisant fi de pas mal de passages qu'on croit obligés.

Auteur:  Puck [ 13 Sep 2017, 22:58 ]
Sujet du message:  Re: Upstream color (Shane Carruth - 2013)

J'adore cette citation, je ne la connaissais pas du tout. J'ai pensé à ce concept de chemin alternatif quand j'ai découvert Guy Maddin et ça s'applique en effet à Carruth.

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