A 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s'affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...
Découvrir le film après l'espèce de folie collective cannoise où tout le monde crie au chef-d’œuvre est assez risqué. On n'est jamais à l'abri d'un "tout ça pour ça" et d'un "mouais c'est pas mal mais bon". J'étais donc chauffé à bloc avant le début de la séance en essayant de pas trop en attendre pour ne pas être déçu.
Mais toutes ses considérations se sont envolées d'elles-mêmes dès les premières minutes du film. Dès les premiers plans le programme du film est là, évident, clair comme de l'eau de source. On est au plus près d'Adèle, on ne le lâche pas, on est à ses côtés pour tenter de rendre palpable chaque fluctuation de son âme, chaque sentiment de son coeur et trouble de son esprit. Abdellatif Kechiche passe un contrat moral, éthique, cinématographique dès les premiers instants que jamais il ne trahira et qui donnera au film toute sa puissance émotionnelle : Adèle. Son contrat c'est son personnage. Jamais au grand jamais, il ne l'abandonnera, il ne lui tournera le dos, il ne le trahira. Il sera là, face à elle, au plus près de son visage et jamais l'amour incommensurable qu'il lui porte ne sera pris en défaut.
Une fois que l'on a dit cela on a presque tout dit d'un film d'une limpidité et d'une simplicité renversantes. Rarement je n'ai eu cette sensation d'une émotion permanente. Dès les premières scènes avec les élèves qui lisent Marivaux aux derniers instants on est sur la brèche. J'ai quasiment eu les larmes aux yeux tout le film parce que j'ai la sensation que ce qui se joue à chaque scène est tout simplement fondamental dans la construction de la vie d'Adèle, que tout y est brutalement déterminant. Et une scène assez simple et sur le papier, presque banale devient quelque chose de bouleversant. Quand la mère dit à sa fille "on dirait que quelqu'un a passé une bonne journée" c'est rien mais je n'ai pu retenir mes larmes. Et c'est comme ça pendant 3 heures. 3 heures dans la vie d'une femme.
Et il y a tout ce qui est véhiculé derrière, discrètement avec humilité. La foi absolue en l'éducation, en la transmission
Il ne faut pas oublier que c'est également peut-être un des plus beaux films d'amour de ces dernières années où rien n'est vocalisé (elles ne se diront pas "je t'aime") mais tout est là dans le cadre, dans leurs visages, leurs regards, leurs mains. Les quelques scènes de sexe très frontales ne sont que ça. Montrer cette passion dévorante qu'elles incarnent si bien, cet amour au delà de tout qu'elles porteront en elles jusqu'à la fin. Beaucoup de passion, de tendresse aussi et d'amour qui sont là devant nous à portée de regard dans ces gros plans amoureux et tellement intenses. C'est magnifique.
Après si je suis parfaitement honnête je dois avouer que
Mais à ce niveau là c'est un détail.
Ah oui sinon le film se passe dans les années 90, non ? Rien ne le mentionne mais les costumes, la relative absence des portables (on en voit un à la fin) me laisse penser ça. Il y a une manif lycéenne à un moment, je sais pas si ça fait référence à quelque chose de précis.
Rarement un titre de film ne m'aura paru plus juste et plus beau. J'espère voir un jour les chapitres suivant.
J'espère sincèrement qu'il aura la palme même si Adèle mérite tellllllement le prix d'interprétation. Quel immense directeur d'acteur Kechiche c'est impressionnant.
Immense, immense film.
5.5/6
P.S : pour ceux qui l'ont vu vous la trouvez belle Adèle ? Moi oui mais ma copine pas du tout. On s'est vertement engueulé à ce propos (elle a osé la traiter de boudin avec sa bouche constamment ouverte). Moi justement j'adore ce visage particulier et surtout elle a un truc avec ses cheveux qui est dingue. Très fan.
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