Au Mexique, un requin dévore un espion dans une cabine téléphonique. On appelle à la rescousse l'agent français Bob Saint-Clar, le meilleur agent secret du monde.
Du OSS 117 avant l'heure, parfois à l'identique dans certaines scènes (la piscine), au point qu'il semble évident qu'Hazanavicius a repris la ligne parodique là où de Broca l'avait arrêtée. J'ai pas forcément hyper confiance en moi sur ce coup-là, parce que tout ce qui sent un certain cinéma français de l'époque me hérisse : la vulgarité ambiante surtout (même au-delà de ce qui est dénoncé ou moqué), le potache engourdissant, la légère mais constante imprécision du geste (dès le premier plan long pour rien, qui n'a rien à dire ni à montrer), le manque de tranchant d'une mise en scène qui déplie ses idées de manière théorique, la saturation d'effets qui ont vieilli... En gros : du film exotique parodié à la vie parisienne grisonnante, tout ça est quand même assez laid.
Et en même temps ça vire à la mauvaise foi, parce que le film est d'une densité de gags et d'idées hyper généreuse, et que la structure narrative existe, qu'elle est efficace, que le film nous trimballe assez aisément. Pour être plus clair : je me demande si je célèbrerais pas le même film venu des USA. Et puis il y a un truc bien réel, le charisme très popu des Belmondo, vulgos lui aussi mais efficace et rentre-dedans comme peut l'être un Depardieu, qui transcende assez rapidement le dispositif et lui donne une réelle énergie.
On pourrait le poser comme ça : il y a tous les éléments pour un film qu'on aimerait célébrer, et de vraies saillies (dans le scénario, dans les dialogues), mais aussi cette petite couche de vernis franco-franchouillard qui gélifie le tout et le rend si irritant - ce manque d'hauteur et d'ambition au parfum si reconnaissable, celui qui stoppe le dernier plan dans un arrêt sur image, comme chez Derrick, détail au combien anodin et pourtant si révélateur de l'horizon qu'on rêve pour son film.
