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The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)
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Auteur:  Mr Chow [ 22 Avr 2013, 15:42 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Art Core a écrit:

Sinon j'ai oublié de parler de l'indigne scène du générique qui te montre en un montage pub pas mal de scènes qui ont été coupé au montage. Mais la dernière réplique ridicule m'a achevé. Extrêmement maladroit je trouve.


Il y a un côté exploitation / feuilletonnesque pure d'un coup et j'ai pris beaucoup de plaisir à ce petit montage, et la dernière réplique... dans un film co-financé par la Chine continentale je ne la trouve pas si inutile que ça que ça.
Si Ip Man synthétise les différents styles d'arts martiaux d'ailleurs, WKW n'en fait pas une de ces purges de propagande du régime où toute particularité se retrouve en rang d'oignon derrière un propos nationaliste (même avec des nuances et des beaux films, les derniers Woo et Hark n'ont pas complètement échappés au truc d'ailleurs).
Le film rend hommage à chacun de ces styles différents presque mine de rien "sauvés" par Ip man qui en devient le méga héritier mais dans le chaos du XXeme siècle... en même temps qu'il fait l'élégie de ce qui est voué malgré tout à disparaître avec le personnage de Gong Er (certains styles, des valeurs). La danse entre des deux personnages et de ce qu'ils portent c'est un des "sujets" fort du film à mon sens.
Sinon le personnage de La Lame ne débouche sur rien de concret sur le plan de la narration linéaire, mais à ce que j'ai compris
c'est l'époux "sacrifié" de Gong Er
, et le film choisit de continuer à le suivre un peu, ça reste une alternative qu'elle n'a pas choisie. Ce destin de La Lame se construit aussi malgré tout avec l'Histoire du XXeme siècle et dans le Hong Kong de boutiquiers après-guerre (également héritier d'arts martiaux, il quitte un parti politique, affronte les petites frappes, etc...). J'ai cru qu'on aurait eu une rencontre un peu "signifiante" entre lui et Ip man qui auront connus la même femme, mais finalement ses scènes restent en l'état une ouverture supplémentaire dans le film, ça ne le ferme pas.

Auteur:  Arnotte [ 22 Avr 2013, 15:48 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Film Freak a écrit:
Zhang Ziyi vieillit par contre.

J'ai l'impression qu'elle a pas bougé depuis Tigre et Dragon..

Auteur:  Film Freak [ 22 Avr 2013, 15:49 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Ah si si.

Auteur:  Tom [ 23 Avr 2013, 00:06 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Ouhlala, quel bordel...

Je rejoins Art Core et Film Freak. Le sentiment général est celui d'un gâchis intersidéral. Parce que WKW s'impose avec une certaine évidence comme le cinéaste élu pour continuer la manière du film de kung fu, pour en mettre à jour l'énergie profonde (chocs, pauses, élans) : pour en comprendre intimement l'essence, la poétiser, en poursuivre la logique, la transformer, et lui donner ainsi de nouveaux horizons. De fait, il y a réellement un truc sur lequel il a très bien posé le doigt, qui fait que dans les meilleures scènes de combat, on est presque d'avantage sur les à-côtés que sur les coups eux-mêmes : le décor et les éléments qui frémissent à l'énergie des coups, la danse des pieds qui amortissent le plus délicatement du monde les chocs les plus violents.

Donc WKW réussit ça, même si c'est occasionnellement (deux scènes surtout : celle dans l'escalier, et celle à la gare), et que le reste du temps il faut aller piocher des miettes à l'intérieur de scènes très inégales.

Le reste du film est ni fait ni à faire. Je trouve ça juste intolérable de commencer par une scène aussi bordélique, par exemple, qui va absolument nulle part. Un monteur, un producteur, que sais-je, mais putain il faut faire quelque chose ! La touche impressionniste de WKW a bon dos, et cache mal un désinvestissement dramatique dans ce qui nous est (à peine) raconté, les personnages étant réduits à des figures stoïques en carton dégueulant les aphorismes ineptes à la chaîne. Le bariolage hardcore tient lieu de pensée d'éclairage, le ralenti saccadé (intenable, dans ce film-ci) tient lieu de cache-misère à l'absence de narration et de montage... Ce relâchement généralisé laisse la porte grande ouverte au kitsch et au ridicule, un échec dont le signe le plus parlant reste l'utilisation de la musique, apposée aux images avec une bêtise ahurissante, jusqu'à aller saccager la scène de confession qui aurait pu tenir lieu de final.

Le pire, c'est qu'on sent quelque chose de presque plus intéressant que la fresque, là-dedans, comme une sorte d'inventaire définitif de l'art du kung-fu. Ce n'est qu'ébauché. Reste quoi, du coup ? Zhang Ziyi, qui tient vraiment tout le film sur ses épaules, qui parvient au prix d'efforts démesurés à lui donner un semblant d'âme, et notamment ses quelques ébauches de passages qui pourraient ressembler à des scènes dignes de ce nom (la rencontre dans le train avec la lame, entre autres). Et puis quelques (bouts de) scènes de baston. Mais il est temps de donner des claques à WKW pour qu'il se réveille, parce que là on est revenu à la case des Cendres du temps (dont le foutoir, quelque part, semblait autrement plus cohérent avec ce qu'on y racontait).



Citation:
Tony Leung est toujours aussi classe. Zhang Ziyi vieillit par contre.

Tiens marrant, j'ai eu l'impression contraire.

Sinon je sais pas si c'est le film, ou la projection au Louxor que je découvre (salle 2, pas mal, peu de place pour les jambes cela dit) : image HYPER compressée. Du genre (sans aller aussi loin) de ce que je vous fous en exemple sur le topic de l'encodage 720p. Impression de voir du Monet dans les flous, de la bouillie numérique sur les visages, bref, d'avoir une image ultra pauvre (avec la lumière charal et le bruit visuel ambiant, ça nous fait un beau mix). J'irai sans doute voir dans une autre salle si c'était juste le système de projection, parce que si ça vient du film c'est juste hallucinant.

Auteur:  Karloff [ 23 Avr 2013, 09:18 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

HAL 9000 a parlé.

En fait, j'ai l'impression que tu notes les + et les - sans percevoir le sentiment diffusé par l'ensemble, l'incroyable impression de nostalgie et de mélancolie qui se dégage du film. Or c'est justement ça l'art, exprimer un sentiment, enfin je pense.

Auteur:  Film Freak [ 23 Avr 2013, 09:22 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Le souci c'est que cette impression peine à passer à cause d'une structure plus que boiteuse et d'une réa parfois...un peu moche (les ralentis saccadés).

Auteur:  Tom [ 23 Avr 2013, 09:27 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Ah mais pour moi surtout elle n'existe pas. Elle est une pose, comme le sentencieux très chiqué d'un Matrix Reloaded essayait mécaniquement de mimer la gravité sans savoir l'incarner. La mélancolie n'est pas quelque chose qui existe a priori, et dont le film serait le passeur : c'est le résultat de la manière dont on me met en place cet univers, cette histoire. Or c'est mis en place n'importe comment, et cette mélancolie pour moi reste à l'état de note d'intention. La tragédie de ce type qui perd ses enfants et sa femme, j'y crois pas une seconde.

Auteur:  Karloff [ 23 Avr 2013, 09:29 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

C'est plus la tragédie de ne jamais avoir pu aimer la femme qu'il aime qui est au centre du film.

Auteur:  Tom [ 23 Avr 2013, 09:34 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Idem. Zhang Ziyi (et le fait qu'il se calme un brin en la filmant) parvient certes vaguement à me transmettre une tragédie du personnage, leur combat (celui qu'elle observe, puis celui qu'ils ont) esquissent un truc, mais c'est trop piétiné dans tous les sens pour que je puisse m'investir dedans. Quand, sur une voix niaiseuse, WKW répète et insiste en ralenti saccadé immonde le passage où les deux visages se croisent, avec la subtilité d'un collégien qui surligne son idée 100 fois au stabylo, je vois mal la place qu'il reste à une telle romance pour réellement exister.

Auteur:  Art Core [ 23 Avr 2013, 09:57 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Excellent texte Tom avec lequel je suis totalement d'accord.

Auteur:  Karloff [ 23 Avr 2013, 12:40 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

J'ai pas envie de me battre encore contre des moulins à vent, mais je crois qu'entre le Malick et Wong Kar Wai qui souffrent selon vous des mêmes défauts, je vois une profonde différence d'appréhension de la matière filmique.

Et j'espère qu'ils pourront persister dans cette voie-là, ne vous en déplaise.

Auteur:  Karloff [ 23 Avr 2013, 12:49 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Tom a écrit:
visages se croisent, avec la subtilité d'un collégien qui surligne son idée 100 fois au stabylo, je vois mal la place qu'il reste à une telle romance pour réellement exister.


WKW a toujours travaillé sur le ressassement, sur la répétition des images, du son, des impressions. Pour moi, ce n'est pas du surlignage mais plutôt une "fusion" avec le ressenti du héros.

Auteur:  Mr Chow [ 23 Avr 2013, 13:01 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

J'accepte tout ce que dit Tom, à part l'argument de l'intervention de producteurs, monteurs et autres qui devraient se pointer et dire "eh reprends toi on ne comprends rien à ce que tu racontes, c'est le bordel ton truc". Comme une ligne d'"ordre objectif" minimale à tenir, enfin je ne saisis pas trop... Si tout le monde est dégouté de son film il peinera. Le père Carax met bien dix ans en moyenne à se trouver un nouveau mécène.

Auteur:  Tom [ 23 Avr 2013, 13:04 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

Je pense pas au producteur (ou au monteur) comme un grand méchant loup anonyme qui viendrait censurer, mais comme le collaborateur nécessaire qui, sans contredire la ligne esthétique que tu te fixes, fusse-t-elle inhabituelle, vient te pointer les endroits où celle-ci perd en impact, en cohérence, et où tu cèdes à la facilité.

Auteur:  Karloff [ 23 Avr 2013, 13:06 ]
Sujet du message:  Re: The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

ah mais sur ce point on est d'accord.

D'un point de vue industriel, le Malick comme le WKW ne sont pas des films à la narration aboutie pour un public "moyen".

Après, c'est ça aussi qui les rend passionnant.

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