L'essor des grands magasins au siecle dernier a travers l'histoire d'une orpheline qui monte a Paris pour travailler chez son oncle marchand de draps
Duvivier profite des travaux des Galeries Lafayette après le krach boursier de 1929 pour tourner cette adaptation d'Emile Zola qui n'a vraiment rien de naturaliste : mouvements de camérés très spectaculaires et montage parfois dantesque sont au programme de ce festival de néons et foules en délires. Je n'ai jamais lu le roman qui est parait-il assez ambigu dans son rapport au capitalisme, ici c'est radical : après un propos qui semble condamner le progrès sur le plan moral (tout en l'exploitant à foison au niveau de la forme du film, qui cherche l'ivresse), on a droit à un tour de passe-passe final très tiré par les cheveux. Bien sur, le contexte économique de sortie du film est d'autant plus ironique sans doute...
Enfin en attendant c'est un festival pour les yeux... Niveau adaptation je ne sais pas, je pense que pas mal d'éléments et de personnages sont éjectés au profit d'un mélodrame assez classique et resséré. Reste que Duvivier s'amuse comme un fou, et de tous les films parlant que j'ai vu de lui (c'est un réalisateur que j'aime souvent beaucoup) j'en ai pas vu d'autres aussi dantesque sur la forme (même si Pépé le Moko et Panique par exemples ont leurs moments débridés...). Du coup je serai curieux de voir d'autres de ses muets? Il y a notamment une séquence sur la plage de l'Isle-Adam, où les employés se voient offrir une journée, qui fait tout autant dans la débauche visuelle pour portraitiser cette société des loisirs naissante.