A bout d'idées, Raoul demande à Stéphane de l'aider à rendre le sourire à Solange, sa femme. Ensemble, ils partent s'occuper d'une colonie de vacances...
J'avais fuis à toutes jambes de la projection insoutenable de rance du Bruit des glaçons, mais plus qu'une dégringolade du cinéaste je crois que je ne peux tout simplement plus regarder les films de ce type sans être profondément agacé... La preuve avec celui-ci réputé comme un de ses meilleurs.
Il faut se farcir déjà la première demi-heure qui ressemble littéralement à une adaptation de pièce de théâtre où le réalisateur/scénariste parade littéralement avec sa situation première, dans une ambiance de brasserie franchouille avec une Carole Laure apathique qui régurgite doucement sa choucroute pendant que Depardieu est déjà en pleine envolée insupportable. On se ballade ensuite tristement entre quartiers parisiens et nord de la France, de Béthunes à Calais. Le jeu de Dewaere est nettement plus facile à digérer et son personnage serait plus intéressant, mais Blier le casse direct avec quelques gimmicks qui font pitié (Mozart et sa bibliothèque complète du livre du poche)...
J'en peux plus des lamentations des pauvres types qui peuplent ce cinéma, son orientation dialoguiste généralement antichambre de la gnôle, où hommes et femmes ne peuvent jamais vraiment communiquer (il n'y a pas d'humour véritable en fait même sur ce point de vue, Blier navigue entre le premier degrès ambigu de ses dialogues et un portrait un peu pathétique de ses personnages pour ne pas y toucher, c'est juste la sinistrose)... on se laisse donc aller à une poésie éthylique et autarcique. Lamentations qui laisse la femme contemplée dans son sommeil à son désir d'enfant, et fantasme un enfant-adulte seul capable ici de la satisfaire, dans un couple finalement autarcie glauque. Enfin bon on est loin du Souffle au Coeur, et si Blier est assez fier de casser du bourgeois, les bourges du film de Malle semble au moins en tirer quelque chose de moins triste... Je vois une certaine complaisance ici, et je me demande si j'arriverai à revoir Buffet Froid aujourd'hui (j'avais adoré il y a plusieurs années).
Alors certes, Blier déploie de réels talents de cinéastes quand il ferme la bouche de ses personnages (on a une sensation de gâchis d'ailleurs à ce niveau), plus proche du conte dans toute sa seconde partie qui change de registre radicalement, et se trouve nettement plus digeste : il faut dire qu'on profite encore une fois du talent des chefs opérateurs français de cette époque, et avec eux les plongées dans bois en format 1:66 finissent toujours chez moi à minimum 2/6... Mais c'est d'un sinistre.
