Dans les Landes, on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Thérèse Larroque devient Madame Desqueyroux ; mais cette jeune femme aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions ancrées dans la région...
Ça restera un témoignage fidèle, bien qu'un peu petit, de ce qu'a été le cinéma de Miller : plutôt costaud sous son apparence académique, humble et efficace. Le film, dans sa volonté d'être tout à fait honnête peut-être, s'avère être très nu, dénué de toute fioriture : l'adaptation est revenue à une linéarité des faits, et les évènements du scénario se résument finalement surtout à un acte, qui coupe le film en deux. Le reste de la dramaturgie est extrêmement menue, et tout le film tient sur le visage d'Audrey Tautou, carrefour central de la narration souvent silencieux, dénué d'émotions explicite, aussi impénétrable que le roc. De secrète à déprimée, de déprimée à dangereuse, de dangereuse à tombeau ambulant, jusqu'à sa mutation cadavérique... Miller parvient très bien à faire fonctionner son film autour de ce chaos de sentiments silencieux qu'on devine sous le crane impassible de son héroïne. Le reste, parfois intriguant (cette forêt de pin funèbre...), tirant une certaine élégance de sa simplicité épurée et de son sens de la ligne claire, se révèle tout de même régulièrement trop sage, peinant surtout à trouver un final à la hauteur, s'égarant parfois dans des échanges platounets aux accents théâtraux... Tout ça fait de ce dernier film une sortie de piste modeste, mais honorable.