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Jours d'hiver (Collectif / Kihachirō Kawamoto - 2003)
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Auteur:  Tom [ 12 Nov 2012, 00:25 ]
Sujet du message:  Jours d'hiver (Collectif / Kihachirō Kawamoto - 2003)

J'avais pas capté que c'était sorti en France, ça...
Winter Days / Fuyu no Hi en VO.

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Un poème collectif unique en son genre, mariant les styles, les univers et les techniques d'animation, des plus traditionnelles au plus folles : dessin au crayon, pastel, fusain, encre...


C'est une blague ? La presse française a-t-elle fumé ?

Ce film, c'est aussi simple qu'un crachat à la gueule de Norstein. C'est lui qui ouvre la bal, avec le court le plus long (2 minutes, quand les autres font plutôt 40s), ce qui est passablement ironique quand on sait le temps que lui nécessite le tournage de ses films (et ça l'est d'autant plus quand certains de ses camarades semblent avoir torché leur segment en une nuit sur Paint).

Norstein a pas perdu la main, et ça fait du bien : son segment est pas prétentieux, très sobre, très doux. Ça permet aussi de se rappeler que le ciné de Norstein n'est pas qu'un cinéma "joli" (y a très peu de choses séduisantes d'ailleurs ici, c'est terne, gris, statique), mais qu'il sait raconter une histoire simplement, dessiner une relation entre personnages en 60 secondes montre en main. Avec toujours cette attention de l'animation aux gestes miniatures, cette poésie sensorielle de brumes et de textures... Bref, puisque c'est presque l'unique intérêt de ce fatras, autant le voir direct sans avoir à se taper le film entier:



Une version de 3 minutes aurait été réalisée depuis, mais pas encore sonorisée...

Une fois cette ouverture passée, c'est le carnage. Je ne juge pas des haikus, ni du projet qui était quasi-condamné à mener à un résultat hétéroclite et découpé. Mais je pensais au moins que le film aurait pour lui un côté "coffre au trésor", où chaque nouvel animateur vient proposer quelque chose de sublime. Au final, hormis la variété de ton et de techniques employées, c'est surtout le fossé qualitatif entre Norstein et la plupart des autres qui saute à la gueule.

Deux animateurs s'en sortent bien : à défaut d'être très profonds, ils produisent au moins quelque chose de beau et d'inspiré. Petrov évidemment (lui aussi, on se demande ce qu'il est venu foutre dans cette galère), et Co Hoedeman + les quelques courts abstraits à qui on laisse le bénéfice du doute (Kotabe/Okuyama, Yonesho, Yokosuka...). Ces exceptions s'avèrent surtout être les cours les plus simples, ceux qui ne rajoutent pas 36 couches de n'imp hystériques à la déjà très tordue litanie de vers. Même les anims plus costauds, comme Takahata, se perdent dans leur segment à vouloir faire les malins. C'est le premier reproche qu'on pourrait faire au film : une foire à expérimentations, parfois pas très éloignées du vidéo-art, qui ne cherche même pas à savoir si leurs bidouillages vont créer quelque chose de beau ou de pertinent (alors qu'au delà du côté un peu stérile que je leur trouve souvent, c'est ce que j'ai malgré tout toujours admiré dans le flots de courts d'animation européens des 20 dernières années, en France et en Europe de l'est plus particulièrement : le fait que ça se lance rarement dans des circonvolutions formelles si celles-ci n'ont pas trouvé une cohérence et une portée nettes).

Mais ce qui frappe surtout c'est la laideur vulgaire de certains passages : Uruma Delvi, Bairong Wang, même Yoji Kuri... tout ça c'est INTERDIT (et je parle même pas du segment Fumio Oi, qui est lui carrément amateur). Regardez ça, quoi, et comparez à Norstein :

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Même si c'est pas toujours la honte à ce point, la plupart des autres segments ne sont clairement pas en pleine maîtrise de la technique choisie (que ce soit littéralement, dans l’exécution, ou dans la dynamique narrative qu'il sont capables d'en déduire), et quand ils la maîtrisent il se révèlent piètres metteurs en scène, n'ayant pas les épaules malgré leur travail pour éviter de sombrer dans le kitsch (Tatsuo Shimamura, Yuichi Ito, Masaaki Mori). On peut citer ceux qui s'en sortent de manière acceptable (Břetislav Pojar, Raoul Servais, Jacques Drouin...), mais ils échouent aussi à convaincre en soi, au-delà du fait qu'ils s'élèvent sans difficulté au-dessus du n'importe quoi.


Bref, il faut croire que le film choral est définitivement un genre sans espoir, et que l'animation ne change rien à l'affaire. Mais quitte à vouloir faire découvrir de jeunes talents, je me dis que ce que je vois sortir des écoles française type La Poudrière vaut mille fois mieux que ce que j'ai pu subir ici. Quel est l'intérêt de faire se côtoyer 3-4 célébrités et autant de tâcherons ?

Pas eu le courage de regarder le doc qui allait avec, du coup.

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