Colombie, décembre 2007 : le monde entier attend la libération de deux otages des FARC, Clara Rojas et son fils Emmanuel né en captivité. Or quelques années plus tôt, le bébé a été confié de force par la guérilla à un pauvre paysan, José Crisanto. Le film raconte l’incroyable et bouleversante histoire de cet homme et de sa famille dont la vie va se transformer en tragique périple.
Etrange cinéaste que Miguel Courtois dont j'avais vu l'effroyable Un Ange il y a 10 ans, une espèce de polar stylisé totalement foiré et ringard. Depuis il alterne des films en Espagne où il a une certaine crédibilité (ses films ont reçus des Goya) parce qu'il s'attaque à des sujets politiques (l'E.T.A avec Gal et El Lobo) et des films en France où il réalise des sous-merdes comme Skate or Die.
Son dernier film qui prend pour sujet les FARC appartient donc à cette catégorie de films avec un vague fond politique pour raconter une histoire vraie. Et cette histoire est effectivement assez terrible. Un paysan qui se fait confier un enfant dont il ne sait rien et qui va devoir en prendre soin au risque de sa vie en plein milieu de la jungle. Le sujet est plutôt fort et l'acteur principal est l'immense Luis Tosar, un acteur insaisissable avec une vraie gueule qui est parfait ici en paysan naïf mais malin qui parvient en permanence à mettre sa famille à l'abri.
Si le film exploite bien son univers et se révèle instructif sur la pauvreté de la Colombie et de ses citoyens pris entre deux feux (les FARC et les militaires), tous deux corrompus, violents et inhumains. Mais la mise-en-scène de Courtois est d'une médiocrité assez saisissante qui annihile toute la puissance de ce qu'il raconte. Incapable de découper son film correctement, d'orchestrer des scènes fortes, de faire naître l'émotion, de construire un rythme, il échoue sur toute la ligne à nous faire ressentir la détresse réelle de cette famille ballotée contre son gré aux quatres coins du pays. Du coup le film paraît long, plat et presque sans enjeux. On a vraiment l'impression d'une mise-en-scène en pilotage automatique sans point de vue, sans idées et sans direction. C'est ce qui donne au film ce côté un peu téléfilm du pauvre avec son sujet touchant mais entièrement survolé. Ce n'est pas aidé par des seconds rôles assez mauvais et un traitement globalement très grossier.
Bref, ce n'est pas bon du tout et si ce n'était pour Luis Tosar, l'actrice qui joue sa femme, la sublime Martina Garcia (vue dans Biutiful notamment) et la BO qui est pas mal on serait pas loin du 0 pointé.
1/6