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Reality (Matteo Garrne, 2012)
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Auteur:  Art Core [ 06 Oct 2012, 11:10 ]
Sujet du message:  Reality (Matteo Garrne, 2012)

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Au cœur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu. Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission de télé-réalité italienne. Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien ne compte désormais - ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par son épouse, qui améliorait un peu leur ordinaire ! Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin mais aussi celui de tout son entourage...

Que ce film ait obtenu le grand prix est quand même bien la preuve que Cannes a connu une édition 2012 de qualité très faible. Non pas que le film soit foncièrement mauvais mais surtout qu'il est parfaitement inconsistant et dérisoire.
Pourtant la première partie est plutôt amusante entre la description de ces petites gens napolitains très haut en couleur. Les italiens sont vraiment les meilleurs pour entretenir leur propre clichés. Cette famille énorme dans tous les sens du terme est plutôt touchante et la description de leur vie provinciale entre poissonnerie, arnaque (j'ai rien compris à l'histoire des robots par contre) et appartements défraichis fonctionne bien. Et puis vient cette rupture où on inculque au personnage l'espoir qu'il pourrait soudain devenir riche et célèbre et tout se gâte.

Le film ne semble plus savoir quoi raconter. Les ravages de l'éventualité de la célébrité, la paranoïa, une fable fellino/bunuelliene ? Garrone se disperse un peu et au final init pour nous perdre, son personnage principal n'étant pas suffisamment riche pour porter à lui seul la thèse défendue par le film. On sent presque une incapacité à choisir un camp et à s'y conformer jusqu'au bout, ce qui nous donne un film au consensus mou qui ouvre des pistes mais reste bien en surface (notamment le rapport avec la religion qui à un moment semble évoqué mais trop furtivement). Et si vers la fin on sent Garrone un peu plus inspiré, la dernière scène qui aurait pu (et dû) être totalement fascinante et puissante comme un point d'orgue à une fable douce-amère est à mon sens totalement ratée car le biais emprunté est trop celui de la comédie loufoque voire de la folie douce que d'une vraie réflexion sur ce grand cirque généralisé. Et l'élément presque poétique et évanescent de cet homme perdu au milieu de ce spectacle de marionnette est bien trop vite évacué. Dommage.

Pas totalement désagréable mais extrêmement mineur.

3/6

Auteur:  Abyssin [ 14 Oct 2012, 19:09 ]
Sujet du message:  près,

Art Core a écrit:

Que ce film ait obtenu le grand prix est quand même bien la preuve que Cannes a connu une édition 2012 de qualité très faible.


Ou que le jury a fait un palmarès bidon.


Pour le film, je serais curieux que tu développes ton avis Léo.

Beaucoup de journalistes avaient critiqué à Cannes Garrone d'enfoncer des portes ouvertes sur la téléréalité, mais c'est se tromper de sujet, le film se concentrant sur ce célèbre quart d'heure de célébrité de Warhol que désire intensément Luciano dans le film. Il y a une volonté assez enthousiasmante de Garronne de renouer avec le style de l'ancienne comédie italienne, plus amer que drôle, pleine d'outrance et n'hésitant pas à montrer les relations d'entraide et de générosité du bas de l'échelle sociale. On le sait dès les premières scènes, que ce récit de Luciano, courant après la célébrité (Enzo l'a fait, pourquoi pas lui?) va plus tutoyer le pathétique que le succès. Qu'on va plus se diriger vers le drame que la pure comédie (c'est plus déprimant que drôle d'ailleurs).

Dans la première moitié, c'est assez réussi, l'introduction dans les bas quartiers napolitains, les magouilles locales, la gouaille de l'acteur principal (ça aurait été sympa un prix d'interprétation à Cannes), la scène au Cinecitta....C'est réjouissant et il y a quand même chez Garronne un certain brio à mener le récit et orchestrer la montée de la paranoia. Du haut niveau. Malheureusement, ça se disperse et c'est beaucoup moins convaincant dans sa seconde partie. Une fois, la folie douce installé, Le film fait du surplace et devient carrément gonflant dans certains moments censés illustrer la folie douce de Luciano. Jusqu'à une scène et un plan final fabuleux ou Garrone retrouve son inspiration.

Le film a beau être inégal, ça reste Garrone aux commandes, et je suis pas loin de penser que le bonhomme est actuellement l'un des cinéastes européens des plus enthousiasmants.

Auteur:  Art Core [ 15 Oct 2012, 08:54 ]
Sujet du message:  Re: Reality (Matteo Garrne, 2012)

Ah oui sorry pour la coquille.

Sinon le trafic des robots ménagers j'ai absolument pas compris (et j'ai passé tout le film à essayer).

Auteur:  Jack Griffin [ 15 Oct 2012, 08:56 ]
Sujet du message:  Re: Reality (Matteo Garrne, 2012)

Voilà qui me redonne envie de le voir. Gomorra était hyper-prometteur.

Auteur:  Abyssin [ 15 Oct 2012, 10:09 ]
Sujet du message:  Re: Reality (Matteo Garrne, 2012)

Jack Griffin a écrit:
Voilà qui me redonne envie de le voir. Gomorra était hyper-prometteur.


C'est moins fort que Gomorra quand-même mais si tu aimes le style Garrone, fonce.

Auteur:  Abyssin [ 15 Oct 2012, 10:13 ]
Sujet du message:  Re: près,

Léo a écrit:


- la mise-en-scène est passionnante (mariage du fastueux - plans hélico, plans à la grue - et du style doc râpeux à la Gomorra);
- la conduite du récit est brillante à la fois dans ce qu'elle maintient off (par exemple le second casting, je-ne-sais-plus-où, à Rome ?) et dans la gestion de l'information (le trafic des robots ménagers que l'on commence à comprendre au bout d'une heure);



Tout à fait pour la mise en scène, il y a une vérité et une richesse dans le travail de Garrone. J'adore la gestion du décor, particulièrement dans la scène de cinecitta ou la place principale du quartier qui est le lieu de l'action du film.

Pour le scénario, n'exagère pas, ça patine un peu dans le second acte mais la construction du premier acte est effectivement brillante.

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