Nord-ouest de l’État de New York, 1953, un quartier ouvrier d’une petite ville. Dans cette culture violente d’après-guerre où les hommes règnent en maîtres, des adolescentes rebelles se réunissent en une sororité liée par le sang : la bande Foxfire, une société secrète réservée aux femmes, qui se distingue par la flamme tatouée à l’arrière de l’épaule de ses membres. « Foxfire » pour jolies filles, mais aussi pour feu et destruction. Legs, Maddy, Lana, Rita et Goldie en ont assez de l’humiliation et de la discrimination qu’elles subissent parce qu’elles sont pauvres et qu’elles sont des filles. Menées par la fougueuse Legs, les filles préparent leur vengeance et tentent de réaliser un rêve impossible : vivre selon leurs propres règles, quelles que soient les conséquences. Mais le prix à payer sera lourd...
La palme d'or qui est tombée comme par enchantement sur Laurent Cantet lui a offert un boulevard pour faire ce qu'il voulait. Il revient avec son premier film en anglais où plusieurs adolescentes décident de former une bande pour se libérer du joug d'une société où le pouvoir est dans les mains des hommes (pourtant pas dans leur grande majorité présenté comme des salauds). Il adapte Joyce Carol Oates, auteur pléthorique que j'aime beaucoup lire au début de l'hiver avec ses bouquins touffus au style lent mais virtuose dont on pourrait facilement retrancher une centaine de pages à chaque fois, comme si on enfile une combi thermolactyle intégrale damart pour hiberner. On pourrait en dire autant du film et de ses deux heures vingt-deux qui donnent des élans de compassion pour ce pauvre Kenneth Lonergan. Voir cette fratrie féministe se former dans l'insouciance et vivre de menus larcins en séduisant pour mieux dépouiller les mecs aurait sans doute demandé un peu plus de nerf, et n'a pas l'originalité des décrochages d'utopie ni les moments de respiration du dernier Assayas, par exemple. On pense surtout à des films plus quelconques, du genre Magdalene sisters et consorts, même si l'ensemble est loin d'être deshonorant.
3/6