Malgré l’âge et la fatigue, Gebo poursuit son activité de comptable pour nourrir sa famille. Il vit avec sa femme, Doroteia, et leur belle-fille, Sofia, mais c’est l’absence de leur fils, João, qui occupe les esprits. Gebo semble cacher quelque chose à son sujet, en particulier à Doroteia, qui vit dans l’attente passionnée de leur enfant. De son côté, Sofia attend également le retour de son mari, tout en le redoutant. De manière soudaine, João réapparaît, tout bascule.
L'ombre du titre qui rôde ici est moins celle de ce fils longtemps disparu que celle de la mort, impossible de ne pas y penser vu l'âge avancé de la plupart des interprètes et surtout de ce cinéaste centenaire que je découvre. J'étais passé à côté de L'étrange affaire Angelica l'année dernière et je voulais rattraper le coup avec celui-ci, curieux aussi de voir ce qui peut encore motiver un réalisateur à faire des films à un tel âge au rythme d'un par an. Le résultat est un film extrêmement dépouillé qui ne tient que par le jeu de ses acteurs, une photographie très picturale, des plans séquences fixes, un décor minimaliste éclairé à la lampe à huile et un beau texte. Par son dispositif, on peut trop facilement y voir du théâtre filmé (il y a même quelques appartés entre les dialogues) mais j'y vois surtout une matière brute de cinéma, à la fois rigoureuse et sans esbroufe. Gebo est l'ombre est un film sombre et serein où les dialogues brassent de nombreux sujets pas très joyeux comme la misère, le désespoir, la quête du bonheur, mais il le fait avec une grâce qui m'a beaucoup touché. J'aime beaucoup ça: