Après le tourisme sexuel en Afrique mais avant la tentation de l'inceste (dans le 3e volet, espoir, on nous annonce une fillette obèse de treize ans qui tombe amoureuse de son chef de colo quarantenaire), Seidl présente le second opus de sa trilogie Paradis sur le thème déjà plus rabâché de la bigoterie via Anna Maria, infirmière qui profite de ses vacances accompagnée d'une figurine de vierge Marie pour aller convertir des autrichiens encore plus paumés qu'elle (vieillards esseulés, immigrée alcoolo...) aux bienfaits de la chrétienté. Quand elle rentre chez elle et qu'elle n'organise pas des réunions de cathos intégristes priant pour que l'Autriche redevienne catholique, elle s'autoflagelle au martinet devant le christ ou elle fait le tour de son appartement à genoux avec une gaine en barbelés en guise d'expiation. Arrive Nabil, son mari musulman alcoolique et paraplégique (!!) qui ne s'était pas pointé depuis deux ans, et probablement responsable de son délire de foi. S'en suit une confrontation brutale qui vire au tour de force chaotique n'appelant évidemment que le dialogue de sourds.
Pour ceux qui pensaient avoir déjà tout vu dans les charges anti-religion, l'acide Seidl vous a conservé quelques fioles indédites au vitriol: Prières au chapelet devant une orgie dans un parc municipal, masturbation au crucifix, rien ne vous sera épargné. Que ceux qui ne supportent pas son style habituellement ne se donnent même pas la peine d'essayer, ce serait du pur masochisme. Les autres seront une fois de plus sidérés devant la provoc aux boulets rouges entre franche comédie et malaise, même s'il faut reconnaître qu'il y a encore parfois des effets faciles.
4/6