Un homme et une femme qui découvrent que leurs conjoints respectifs ont une relation. Comment réagir ? Jalousie, pardon, vengeance...
Serebrennikov aime jouer avec le spectateur en déplaçant constamment ses attentes. Quand on commence le film, où un mec se voit annoncer par sa docteresse que sa femme est en train de le cocufier avec son mari, on s'attend à un long métrage qui va reposer exclusivement sur la question de savoir si elle dit vrai, sur les faux-semblants etc etc... Sauf qu'en dix minutes c'est réglé et on passe à autre chose. Idem quand on voit la dite nana se réfugier dans son jardin pour bouffer de la terre (plus tard, elle avalera des poils laissés sur le bord d'un rasoir): Option 1: elle est folle à lier, option 2: on tient un Zulawski russe. On tend plutôt au second cas (ce qui valide par ricochet le premier) avec une esthétique beaucoup plus léchée, avec des filtres du jaune au rosâtre, une propension à exhiber les belles loches de ses actrices en toute occasion. Dans cette volonté de semer le spectateur à tout prix, le rebondissement spectaculaire tient sans doute dans cette scène où cette femme quitte un personnage avec lequel elle évoluait depuis le début du film, part dans la forêt, se fout à poil et change de vêtement pour rejoindre un nouveau personnage: Qu'est-ce qui se passe? A-t-on changé d'histoire, de personnages? Dommage que passé ce flou artistique, le dernier tour de piste ne vaille pas vraiment le coup. Egalement, le film fonctionne grâce à des personnages éloignés de toute vraisemblance, agissant parfois en dépit du bon sens, comme cette inspectrice de police présentée comme pugnace qui d'un coup envoie tout valdinguer contre un bisou. Mais on ne peut pas nier que Serebrennikov a un certain style qui donne envie d'en voir plus...
3/6